Juste assis : Guide du débutant sur le bouddhisme zen Soto et Shikantaza

Master Chen

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Master Chen is a Buddhist scholar and meditation teacher who has devoted over 20 years to studying Buddhist philosophy, mindfulness practices, and helping others find inner peace through Buddhist teachings.

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La Révolution tranquille

Le bouddhisme zen Soto propose une révolution silencieuse. Elle commence par une simple séance assise, sans grands gestes.

C'est l'une des deux principales écoles zen du Japon. Maître Dōgen Zenji l'a introduite au Japon au XIIIe siècle.

Au cœur de ce concept se trouvent deux idées clés qui fonctionnent ensemble. La première est Shikantaza, qui signifie « simplement s'asseoir » sans chercher à obtenir quoi que ce soit.

La deuxième idée est que la pratique et l'illumination sont une seule et même chose, et non deux choses distinctes. C'est ce qu'on appelle Shusho-itto.

Cet article explore cette réalité, depuis ses débuts avec un moine voyageur jusqu’à la façon dont nous pouvons l’utiliser dans notre vie quotidienne et notre méditation.

Le voyage de Dōgen au Japon

Une quête du Dharma

L'histoire du zen Sôtô au Japon est celle d'Eihei Dōgen (1200-1253). C'était un jeune moine intelligent qui se posait une grande question à laquelle personne au Japon ne pouvait répondre : si nous possédons tous déjà la nature de Bouddha, pourquoi devons-nous pratiquer si intensément ?

Ce doute profond le poussa à entreprendre un voyage dangereux en Chine vers 1223. Il voulait retrouver les véritables enseignements.

Rencontre avec Maître Rujing

En Chine, Dōgen a finalement trouvé ce qu'il cherchait en rencontrant Maître Tiantong Rujing. Ce dernier lui a montré la pratique simple mais puissante du Shikantaza.

Un jour, dans la salle de méditation, Rujing réprimanda un moine qui dormait. Il s'écria : « Zazen est la séparation du corps et de l'esprit ! » En entendant cela, Dōgen eut un profond éveil. Il avait trouvé la réponse.

Implantation de Soto au Japon

Dōgen retourna au Japon en 1227, prêt à partager ses connaissances. En 1244, il construisit le monastère Eihei-ji, un temple de montagne isolé qui devint l'un des deux principaux temples du zen Sôtô.

Il a créé une communauté entièrement dévouée à la pratique du zazen. Sa lignée se perpétue encore aujourd'hui.

Chronologie : L'essor du zen Soto

  • 1200 : Dōgen naît à Kyoto.
  • 1223 : Dōgen se rend en Chine pour rechercher des enseignements authentiques.
  • 1227 : Dōgen revient au Japon et commence à enseigner le zazen.
  • 1244 : Dōgen établit le temple Eihei-ji dans la province d'Echizen.
  • 1253 : Dōgen meurt, laissant derrière lui de nombreux écrits profonds.

Shikantaza : le cœur de la pratique

Ce que signifie « juste assis »

Shikantaza est au cœur du zen Soto. Son nom signifie « juste assis » ou « atteindre le but de l'assise ». C'est une pratique sans but.

Il ne s'agit pas d'une méthode pour atteindre un état particulier ou faire le vide dans son esprit. Le but est simplement d'être pleinement présent à l'instant présent.

Nous n'essayons pas d'arrêter nos pensées. Nous les laissons aller et venir sans nous laisser emporter par elles, comme si nous regardions les nuages défiler dans le ciel. Penser est une habitude naturelle de l'esprit ; notre habitude est de ne pas nous laisser emporter par les histoires.

Il n'y a pas d'objectif à atteindre : se sentir en paix ou en félicité. L'acte même de s'asseoir, en pleine conscience, révèle notre nature de Bouddha.

Une première séance pratique

Voici un guide simple pour commencer à pratiquer Shikantaza, basé sur des années de pratique et d'enseignement aux autres.

  1. Trouver sa posture : La stabilité est primordiale. Vous pouvez vous asseoir sur un coussin rond, un banc ou une chaise. Sur un coussin, asseyez-vous sur le tiers avant de votre corps, de manière à ce que vos genoux touchent le sol et forment ainsi une base stable en trois points. Sur une chaise, asseyez-vous en avant, sans vous pencher en arrière, les deux pieds à plat sur le sol. Gardez la colonne vertébrale droite, sans raideur, et le menton légèrement rentré.

  2. Les yeux : En Shikantaza, gardez les yeux légèrement ouverts. Regardez vers le bas à un angle d'environ 45 degrés, en posant votre regard sur le sol à quelques mètres devant vous. Ne vous concentrez sur rien de précis. Cela vous aide à rester présent et à éviter la somnolence ou la rêverie.

  3. Les mains : Effectuez le mudra cosmique avec vos mains. Placez votre main droite, paume vers le haut, sur vos genoux, puis votre main gauche, paume vers le haut, par-dessus. Vos pouces se touchent légèrement, formant un ovale délicat. Maintenez cette position juste en dessous du nombril.

  4. Respiration : N'utilisez aucune technique de respiration particulière. Laissez votre respiration être naturelle. Sentez-la entrer et sortir d'elle-même. Vous pouvez ressentir doucement la sensation de votre respiration, mais n'essayez pas de la contrôler.

  5. L'esprit : C'est la partie la plus importante. Lorsque des pensées, des sentiments ou des sensations surgissent, observez-les simplement sans les juger. Constatez leur présence, puis ramenez doucement votre attention sur votre corps : la sensation de votre colonne vertébrale, le coussin sous vous, vos mains en position. Observez, puis lâchez prise.

Idées fausses courantes

Beaucoup de gens comprennent mal Shikantaza. Dissipons cette confusion.

  • Cette pratique ne vise pas à stopper les pensées, mais à modifier notre rapport aux pensées, afin qu'elles ne nous contrôlent plus.
  • Une séance de méditation pleine de distractions n'est pas un échec. Chaque instant passé assis, quoi qu'il arrive dans votre esprit, est une pratique complète. L'important, c'est d'être présent.
  • Même si vous vous sentez parfois calme, le Shikantaza n'est pas seulement un moyen de vous détendre. C'est une pratique de présence alerte et lumineuse, sans isolement.

La pratique est l'illumination

Au-delà des objectifs spirituels

L'aspect le plus singulier de l'enseignement de Dōgen réside dans le fait que pratique et illumination sont une seule et même chose. Il appelait cela Shusho-itto.

Dans notre culture centrée sur les objectifs, nous considérons souvent la méditation comme un outil permettant d'obtenir quelque chose : moins de stress, plus de paix ou une illumination future. C'est comme courir une course juste pour gagner une médaille.

Dōgen renverse cette idée. La pratique n'est pas un moyen d'atteindre une fin, c'est la fin en soi. C'est plus comme danser. On ne danse pas pour arriver à un endroit précis sur la piste, on danse pour la danse elle-même. Chaque pas exprime pleinement la danse.

De la même manière, chaque instant de zazen exprime pleinement votre nature éveillée.

Un acte de foi

Pratiquer Shikantaza devient un acte de foi. C'est la foi en votre propre nature de bouddha, déjà présente.

On ne s'assoit pas pour devenir un bouddha. Selon Dōgen, on s'assoit comme un bouddha.

Cela change tout. La pratique n'est pas une lutte pour se réparer. Elle affirme la plénitude déjà présente.

Le paradoxe de la non-pensée

Dans son texte principal sur le zazen, le Fukanzazengi, Dōgen écrit : « Pensez à la non-pensée. Comment pensez-vous à la non-pensée ? À la non-pensée. »

Ce n'est pas une énigme à résoudre. C'est une instruction directe.

« Penser » signifie avoir l'esprit rempli d'étiquettes et d'histoires. « Ne pas penser » tente d'y mettre fin, ce qui revient à penser davantage. « Ne pas penser » se situe au-delà de ces deux états, là où vous vous reposez dans la conscience, avant que les concepts ne se forment. C'est l'esprit même de votre posture.

Soto et Rinzai Zen

Pour mieux comprendre le Soto, comparons-le au Zen Rinzai, l'autre grande école japonaise. Leurs racines sont communes, mais leurs méthodes diffèrent.

Un tableau comparatif

Fonctionnalité Soto Zen (曹洞宗) Rinzai Zen (臨済宗)
Pratique de base Shikantaza (juste assis) Kōan Introspection et Zazen
Chemin vers la perspicacité La culture progressive ; la pratique est l’illumination. Met l'accent sur les soudaines explosions de perspicacité ( kensho ).
Le rôle de l'enseignant Guide et témoin de la pratique de l'étudiant. Défie activement l'étudiant avec des kōans.
Approche Souvent décrit comme le « Zen du fermier » : doux, stable et accessible. Souvent décrit comme « Zen samouraï » : dynamique, intense et conflictuel.
Citation célèbre « Étudier la Voie, c'est étudier soi-même. » - Dōgen "Si vous rencontrez le Bouddha, tuez-le." -Linji (Rinzai)

Vivre le Zen aujourd'hui

La vie en tant que Zendo

Dōgen enseignait que si le zazen est central, son esprit doit imprégner chaque instant de la vie. La salle de méditation n'est pas qu'une pièce ; votre vie entière est la salle de méditation.

L’objectif est d’apporter la même attention unifiée et sans jugement de la méditation aux activités quotidiennes.

Pratiquez partout

Voici comment intégrer cette conscience dans votre journée, en vous basant sur l’expérience des monastères et de la vie quotidienne.

  • Méditation de travail (Samu) : Considérez les tâches quotidiennes comme un exercice. Quand vous faites la vaisselle, faites-la simplement. Sentez l'eau chaude sur vos mains. Observez le reflet des bulles de savon. Écoutez le bruit des assiettes. Ne vous précipitez pas ; soyez pleinement présent à ce que vous faites.

  • Consommation consciente : Quand vous mangez, mangez, tout simplement. Rangez votre téléphone et éteignez la télévision. Goûtez chaque bouchée. Pensez à qui l'a cultivée, transportée et préparée. Cela transforme un acte routinier en un acte de connexion et de gratitude.

  • Écoute active : Dans une conversation, écoutez avec tout votre être. Ne préparez pas votre réponse pendant que votre interlocuteur parle. Acceptez pleinement ses paroles. Cela vous offre le cadeau de votre pleine présence.

  • Méditation en marchant (Kinhin) : Pratiquez la marche consciente, surtout entre les moments assis. Marchez lentement et consciemment, en synchronisant vos pas avec votre respiration. Sentez vos pieds toucher le sol. C'est la méditation en mouvement.

Travailler avec le doute

Dans notre monde trépidant, il est difficile d'appliquer ces idées. Agitation, distraction et doutes surgissent.

La façon de travailler avec eux est la même qu'en Shikantaza. Lorsque vous remarquez que votre esprit s'égare ou que vous vous sentez frustré, reconnaissez-le simplement. « Ah, la frustration est là. »

Ensuite, sans vous critiquer, ramenez doucement toute votre attention sur ce que vous faites. Ce retour constant et doux est la pratique.

Chiffres clés et textes

Pour une étude plus approfondie, deux figures se démarquent dans le Zen Soto.

Dōgen Zenji (1200-1253) : Le fondateur. Son chef-d'œuvre est le Shōbōgenzō (Trésor de l'Œil du Dharma véritable), un recueil d'essais philosophiques approfondis sur la réalité, le temps et la pratique.

Keizan Jōkin (1264-1325) : Le « second fondateur ». Keizan a contribué à diffuser le zen Sôtô dans tout le Japon, le rendant plus accessible au grand public. Son texte phare est le Denkōroku (Transmission de la Lumière), récit des expériences d'éveil des ancêtres zen.

La profondeur de la présence

Le bouddhisme zen Soto n'est pas un système de croyances à adopter ni une technique à maîtriser. Il vous invite à découvrir ce qui est déjà là.

C'est le chemin direct pour être ici, maintenant, sans rien ajouter ni enlever.

La pratique du Shikantaza est au cœur de cette voie. C'est l'acte simple, radical et puissant de simplement s'asseoir.

Nous vous invitons à trouver un endroit calme, ne serait-ce que cinq minutes. Asseyez-vous, redressez votre dos et soyez simplement présent. Expérimentez la pratique par vous-même.

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