Introduction : Différences fondamentales
Le bouddhisme Won et le bouddhisme zen sont tous deux des voies spirituelles profondes ancrées dans la tradition mahayana. Ils partagent l'objectif de l'illumination, tout en représentant des branches différentes dotées de cadres de pratique et de compréhension uniques.
La principale différence réside dans la concentration et la manière d'appliquer les enseignements. Le bouddhisme zen privilégie la pratique de la méditation, appelée zazen, pour atteindre l'illumination dans un cadre monastique traditionnel. Le bouddhisme won adopte une approche différente.
Réforme spirituelle coréenne du XXe siècle, le bouddhisme won centre sa pratique sur la vérité universelle de l'« Il-Won-Sang » (l'Image du Cercle Unique). Il vise à appliquer cette vérité directement à la vie quotidienne moderne et au service communautaire actif.
Ce guide explorera les principaux domaines de comparaison entre ces deux parcours :
- Doctrine fondamentale : les différences philosophiques entre le concept Il-Won-Sang du bouddhisme Won et le concept de vacuité du Zen.
- Contexte historique : L'évolution ancienne et progressive du Zen versus la création du bouddhisme Won par un seul fondateur à l'ère moderne.
- Application pratique : l'accent clairement mis par le bouddhisme Won sur l'engagement social par rapport à l'accent plus traditionnel du zen sur la méditation.
Tableau de comparaison rapide
Pour comprendre rapidement les différences les plus importantes, examinons les caractéristiques fondamentales de chaque tradition. Ce tableau offre un aperçu clair et complet.
Fonctionnalité | A gagné le bouddhisme (원불교) | Bouddhisme Zen (선불교) |
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Origine | Fondée en 1916, en Corée. | Développé en Chine (Chan) vers le 6e siècle, il s'est répandu en Corée (Seon), au Japon (Zen) et au Vietnam (Thiền). |
Fondateur | Sotaesan (Park Chung-bin), le maître fondateur qui a atteint l'illumination et a établi le nouvel ordre. | On attribue à Bodhidharma le mérite de l'avoir apporté en Chine ; il n'y a pas de « fondateur » unique mais une lignée de patriarches. |
Symbole/Focus principal | Il-Won-Sang (一圓相) : « L'Image du Cercle Unique », représentant la vérité ultime, le Bouddha du Dharmakāya. C'est un centre de méditation et un guide de conduite. | Le vide (Śūnyatā / 空) et le non-esprit (Mushin / 無心) . L' ensō (cercle dessiné à la main) est une expression apparentée à un moment d'illumination, mais n'est pas un objet central de culte. |
Pratique de base | Méditer sur l'Il-Won-Sang ; appliquer sa vérité dans la vie quotidienne (« Zen intemporel et sans lieu ») ; pratiquer la quadruple grâce et la triple étude. | Zazen (méditation assise) ; étude des Koans (dans certaines écoles comme Rinzai) ; pratique de la pleine conscience dans toutes les activités quotidiennes. |
Point de vue sur l'Écriture | Il vénère sa propre écriture, le Jeongjeon , comme texte central de l'ère moderne, aux côtés des sutras bouddhistes traditionnels. | S'appuie sur les sutras traditionnels du Mahayana mais met l'accent sur l'expérience directe plutôt que sur l'étude des écritures (« Une transmission spéciale en dehors des écritures »). |
Approche moderne | Conçu spécifiquement pour le monde moderne, il met l'accent sur le service social, l'égalité des sexes, le dialogue interreligieux et l'application concrète à la vie laïque. | Varie selon les écoles. Tout en s'adaptant à l'Occident, de nombreuses traditions conservent un fort noyau monastique et des pratiques traditionnelles. |
La vision réformiste
Pour véritablement comparer les deux, il faut d'abord comprendre le contexte et les enseignements uniques du bouddhisme Won, car il s'agit d'une tradition plus récente et souvent moins familière aux chercheurs occidentaux. Ses origines sont profondément liées à une vision spécifique d'une ère nouvelle.
La nouvelle ère de Sotaesan
Le bouddhisme won est né à une époque de grands changements. Au début du XXe siècle, la Corée était sous domination coloniale japonaise et connaissait une modernisation rapide. C'est à cette époque que Park Chung-bin, connu sous le nom de Sotaesan, atteignit l'illumination en 1916.
Sotaesan souhaitait créer une forme de bouddhisme capable de répondre directement aux souffrances modernes. Il constatait que le bouddhisme traditionnel, axé sur les monastères et les rituels complexes, s'était éloigné de la vie quotidienne.
Son objectif était de rendre l'illumination accessible à tous. Il souhaitait briser le mur entre les moines et le commun des mortels, en créant une voie spirituelle pratique et accessible à tous, quels que soient leur profession ou leur statut social. Il imaginait un monde où la croissance spirituelle serait indissociable du travail quotidien, de la famille et des obligations sociales.
Le Il-Won-Sang
Au cœur de l'enseignement du bouddhisme Won se trouve l'Il-Won-Sang, ou « Image du Cercle Unique ». Ce n'est pas un simple symbole. Il représente le Bouddha de Vérité lui-même et révèle la vérité fondamentale de l'univers.
L'Il-Won-Sang représente la nature originelle de tous les êtres, la source de toute chose et la réalité ultime, parfaite et complète. Pour les pratiquants, il remplit deux fonctions.
- En tant que modèle de foi : l'Il-Won-Sang est la source ultime à laquelle on s'adresse. Il est le « Vrai Bouddha » qui existe partout, au-delà du temps et de l'espace.
- En tant que modèle de pratique : il agit comme un miroir de son propre esprit. En méditant sur le cercle parfait, les pratiquants apprennent à réfléchir sur leurs propres pensées et actions, en essayant de développer un esprit tout aussi « rond » et équilibré.
Doctrines fondamentales
Cette vérité fondamentale de l'Il-Won-Sang est mise en pratique à travers deux enseignements principaux : la Triple Pratique et la Quadruple Grâce. Ceux-ci constituent le cadre pratique de la voie bouddhiste Won.
La pratique triple guide le développement spirituel : cultiver l'esprit (par la méditation et la prière), explorer les affaires et les principes (étudier les Écritures et les vérités de la vie) et choisir dans l'action (adopter une conduite juste). Ces trois éléments sont considérés comme indissociables, comme les trois pieds d'un pot.
La Grâce Quadruple est le fondement de l'éthique sociale du bouddhisme Won. Elle appelle à manifester une gratitude constante envers quatre relations essentielles : le Ciel et la Terre, les Parents, les Êtres Humains et les Lois. Cet enseignement transforme la gratitude d'un simple sentiment en une pratique active, guidant les adeptes à vivre de manière à rétribuer la grâce reçue du monde, de la société et de la famille.
Le chemin antique
Pour établir une comparaison juste, il est également nécessaire de rafraîchir notre compréhension des principes fondamentaux du bouddhisme zen. Si beaucoup connaissent son image, ses enseignements fondamentaux sont essentiels pour comprendre en quoi il diffère du bouddhisme won.
Une lignée de sans-mots
Le zen trouve ses origines au moine Bodhidharma, au VIe siècle, qui aurait apporté cet enseignement d'Inde en Chine. Son identité fondamentale est résumée dans la phrase : « Une transmission particulière, indépendante des écritures ; elle ne dépend ni des mots ni des lettres. »
Cela souligne l'importance accordée par le Zen à l'expérience directe. Si les écritures sont étudiées, elles sont considérées comme une indication de la vérité, et non de la vérité elle-même. La vérité doit être réalisée personnellement.
C'est pourquoi la relation entre enseignant et élève est essentielle. Le rôle de l'enseignant n'est pas de donner des réponses, mais de guider l'élève vers sa propre percée, garantissant ainsi la pérennité de l'enseignement au fil des générations.
Zazen et le vide
La pratique principale de la plupart des écoles zen est le zazen, ou méditation assise. Il implique une intensification de l'observation de soi, où l'on s'assoit en silence et observe l'activité de son esprit sans jugement, laissant les pensées aller et venir.
Le but du zazen est de réaliser directement la vacuité. Ce concept est souvent mal compris dans le bouddhisme. La vacuité ne signifie pas le néant ou le vide. Il désigne l'absence de soi permanent et indépendant. C'est la compréhension que toutes choses sont connectées et changeantes.
Dans certaines écoles, comme le Zen Rinzai, les pratiquants travaillent également avec des kōans – des questions ou des histoires complexes racontées par un enseignant. Des kōans comme « Quel est le son d'une main qui applaudit ? » ne sont pas des énigmes logiques. Ce sont des outils conçus pour épuiser l'esprit, forçant ainsi une percée vers une compréhension plus directe et intuitive.
Le Zen Enso
Le Zen utilise également l'image d'un cercle, l' ensō . À première vue, il ressemble beaucoup à l'Il-Won-Sang, mais sa fonction et sa signification sont fondamentalement différentes.
L' ensō zen est généralement un cercle dessiné à la main, d'un trait fluide. Il ne s'agit pas d'un symbole traditionnel de foi. Il s'agit plutôt de l'expression personnelle d'un moment d'illumination, de liberté et de plénitude. L'état d'esprit de l'artiste au moment de la création est représenté par le cercle lui-même. Un ensō est le témoignage d'une expérience, et non un objet de culte.
Plongée philosophique profonde
Forts de nos racines dans les deux traditions, nous pouvons désormais explorer leurs différences philosophiques plus subtiles. La distinction entre le Cercle Unique et le concept de Vacuité est au cœur même de leurs visions du monde.
Il-Won-Sang contre Ensō
On se demande souvent si l'Il-Won-Sang n'est qu'une version standard de l' ensō zen. La réponse est clairement non. Leurs rôles dans la pratique spirituelle sont quasiment opposés.
L' ensō zen est personnel, spontané et imparfait. Il capture un instant de révélation, tel un instantané de l'esprit éveillé en action. Il n'y en a pas deux identiques, et leur beauté réside souvent dans leur imperfection, reflétant la beauté de l'impermanence et de l'imperfection.
L'Il-Won-Sang, cependant, est universel, standardisé et parfait. Il ne s'agit pas du récit d'une expérience ; il représente la vérité absolue elle-même. Il est un « Vrai Bouddha » que les pratiquants honorent, sur lequel ils méditent et qu'ils tentent de refléter dans leur propre vie. Il est à la fois la carte, la norme et la destination.
Présence vs. Absence
On peut formuler la comparaison philosophique d’une autre manière : l’une se concentre sur la présence, l’autre sur une forme d’absence.
L'approche du bouddhisme Won affirme la vérité de manière positive. L'Il-Won-Sang représente une réalité pleine, complète, parfaite et toujours présente. La pratique implique de s'aligner sur cette réalité parfaite, d'emplir sa vie de gratitude (Quatre Fois Grâce) et d'adoucir les aspérités de l'ego pour qu'elles correspondent à la perfection du cercle. Le langage évoque la plénitude, l'harmonie et la gratitude.
Le bouddhisme zen, notamment dans sa forme classique, utilise souvent une approche de négation. Cette pratique implique de se débarrasser de l'illusion, des attachements et des concepts pour réaliser la nature « vide » du soi et de la réalité. Le langage fait souvent référence au « non-esprit », au « non-soi » et au « rien ». Il cherche à trouver la réalité ultime en se débarrassant de tout ce qui n'est pas. Si le résultat est une vie pleine et libre, le chemin qui y mène est souvent décrit par la négation.
Le rôle du fondateur
Cette différence philosophique transparaît également dans le rôle de l'éveil du fondateur. Le bouddhisme Won s'appuie sur l'expérience d'éveil spécifique de Sotaesan et sur la devise qu'il a écrite pour l'exprimer. Cette devise définit l'Il-Won-Sang et fournit un cadre clair à tous les adeptes. La vérité du fondateur devient l'enseignement.
Le Zen, en revanche, renvoie à l'illumination du Bouddha historique, mais met l'accent sur la réalisation directe de cette même vérité par chacun. Il n'existe pas de devise unique, moderne et déterminante. La voie consiste moins à adopter la formulation spécifique d'un fondateur qu'à utiliser les outils de la tradition (Zazen, kōans) pour vivre une expérience personnelle immédiate, validée par un enseignant au sein d'une lignée.
Au-delà du coussin
La différence la plus notable pour un chercheur moderne réside peut-être dans la manière dont chaque tradition aborde le monde. L'application concrète de leurs enseignements révèle leurs priorités distinctes.
La mission du bouddhisme Won
Le bouddhisme Won a été fondé avec une mission claire de transformation sociale, exprimée dans sa devise fondatrice : « À mesure que la civilisation matérielle se développe, cultivons la civilisation spirituelle en conséquence. » Il ne s'agit pas d'une réflexion après coup, mais d'une directive fondamentale.
Cette mission se traduit par des actions concrètes et des priorités institutionnelles.
- Bien-être social : Depuis le début, le bouddhisme Won s'est profondément impliqué dans le service social, en gérant des écoles, des orphelinats, des établissements de soins aux personnes âgées et des centres communautaires.
- Égalité des sexes : Sotaesan a établi une égalité complète entre les praticiens et les ministres hommes et femmes dès le début, une étape radicale dans la Corée du début du XXe siècle.
- Dialogue interreligieux : La tradition cherche activement à construire des ponts avec d’autres religions, considérant la vérité de l’Il-Won-Sang comme le terrain d’entente partagé par toutes les confessions.
- Éthique économique : Les enseignements mettent l’accent sur le « gain juste » et l’utilisation de ses ressources matérielles pour le service public, intégrant la spiritualité directement dans sa vie économique.
Le chemin du changement selon Zen
L'approche traditionnelle du Zen pour changer le monde est plus indirecte. La croyance principale est que le monde change grâce à la transformation intérieure des individus. En se libérant de l'avidité, de la colère et de l'ignorance, on commence naturellement à agir dans le monde avec plus de compassion, de clarté et de sagesse.
Bien sûr, de nombreux centres et pratiquants zen modernes sont profondément engagés dans des actions sociales et environnementales. On observe notamment des programmes de pleine conscience zen en prison, du bénévolat dans les centres de soins palliatifs et des actions de défense de l'environnement. Cet engagement exprime la compassion bouddhiste.
La distinction essentielle réside dans la structure de la pratique. Dans le zen, cette action sociale est souvent perçue comme le résultat naturel de la compréhension acquise grâce au zazen. Dans le bouddhisme won, l'action sociale fait partie intégrante de la pratique fondamentale prescrite, explicitement prescrite par la doctrine des Quatre Façons de Grâce.
Pour un pratiquant, la situation peut être bien différente. L'emploi du temps hebdomadaire d'un bouddhiste Won peut inclure formellement des heures de bénévolat, partie intégrante de sa formation spirituelle. L'emploi du temps d'un pratiquant zen sera centré sur les séances de zazen, l'action sociale constituant une application plus personnelle, quoique tout aussi importante, des connaissances acquises pendant la méditation.
Conclusion : deux voies
Tout en partageant un objectif mahayana commun d'éveil, le bouddhisme won et le bouddhisme zen proposent des voies distinctes vers ce sommet. Ils ne sont pas en concurrence, mais proposent plutôt des approches distinctes pour des chercheurs différents.
La différence fondamentale peut être résumée simplement : le zen est une voie ancestrale qui consiste à se débarrasser de l’illusion pour trouver la vérité intérieure informe, principalement par le biais d’anciennes formes méditatives. Le bouddhisme won est une voie moderne qui applique activement une vérité ultime clairement définie, l’Il-Won-Sang, à chaque aspect d’une vie contemporaine équilibrée et socialement engagée.
En fin de compte, le « meilleur » chemin dépend des liens personnels. Le choix dépend de l'orientation vers une tradition ancienne, introspective et fondée sur la lignée, ou vers un système spirituel moderne, réformé et explicitement tourné vers la société.