La réponse courte
Pour répondre directement à la question fondamentale : dans la grande majorité des centres zen occidentaux, l’homosexualité est non seulement acceptée, mais les personnes LGBTQ+ sont accueillies comme membres à part entière de la communauté, la sangha. Cette vision n’est ni une révision moderne ni une tolérance précaire. Elle découle directement du cœur même de la pratique zen.
Le fondement de cette inclusion repose sur les principes les plus essentiels du Zen : la compassion, ou karuṇā ; la sagesse, ou prajñā ; et la compréhension profonde de la non-dualité. Cette acceptation n’est pas une note de bas de page dans un texte oublié. Elle est l’expression vivante des enseignements.
Tout au long de cette exploration, nous examinerons ces principes fondamentaux et verrons comment ils conduisent naturellement à l'inclusion. Nous examinerons le contexte historique, écouterons les témoignages de praticiens et proposerons des conseils pratiques pour trouver une communauté zen accueillante pour votre propre pratique. C'est un cheminement de recherche, et vos questions sont les bienvenues.
Le cœur du zen
Le caractère inclusif du zen moderne n'est ni un accident ni une concession aux normes sociales contemporaines. C'est le résultat logique et sincère de ses enseignements fondamentaux. Comprendre pourquoi nécessite d'examiner le moteur même de cette pratique.
La Grande Compassion
Au cœur du bouddhisme Mahayana, dont est issu le Zen, se trouve l'idéal du bodhisattva. Il s'agit du vœu de s'éveiller non pas pour soi-même, mais pour le bien de tous les êtres.
Le premier engagement d'un bodhisattva est de soulager la souffrance, ou dukkha, où qu'elle se trouve. Créer des divisions fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre est perçu comme un acte générateur de souffrance. Cela nuit à ceux qui sont exclus et enferme celui qui les exclut dans le jugement et l'ignorance.
La compassion zen n'est pas sélective. Elle ne vérifie ni les références ni les étiquettes. Elle répond simplement à la souffrance par un désir de guérison. Refuser à quelqu'un l'accès à la voie en raison de son amour serait une violation directe de cette grande compassion.
La sagesse de la non-dualité
La pratique du zen conduit à l'expérience directe de la vacuité, ou śūnyatā. Cela ne signifie pas le néant. Cela signifie que toute chose est vide d'un soi distinct, indépendant et permanent.
Les étiquettes que nous appliquons à nous-mêmes et aux autres – homosexuel, hétérosexuel, homme, femme, soi, autre – sont considérées comme des constructions conceptuelles. Elles sont utiles pour naviguer dans le monde, mais elles ne représentent pas une réalité ultime et figée.
De ce point de vue ultime, il n'existe pas d'« identité homosexuelle » ou « identité hétérosexuelle » inhérente à juger, accepter ou rejeter. Il n'existe que des êtres, chacun possédant la même nature fondamentale de Bouddha.
S'éveiller au Zen, c'est voir au-delà de ces divisions construites, l'interdépendance de toute vie. S'accrocher à ces étiquettes comme motif d'exclusion, c'est rester endormi.
Préceptes et habileté
Le bouddhisme possède des principes éthiques, appelés préceptes. L'un d'eux est traditionnellement traduit par « s'abstenir de toute inconduite sexuelle ».
Dans le zen moderne, ce précepte est presque universellement interprété sous l'angle des moyens habiles, ou upāya. La question ne porte pas sur le genre des partenaires, mais sur la nature de l'action elle-même.
La relation est-elle consensuelle ? Est-elle fondée sur la bienveillance et le respect mutuel ? Est-elle préjudiciable à soi-même ou aux autres ? Est-elle abusive ou trompeuse ?
Voici les questions pertinentes. L'éthique se concentre sur la qualité du cœur et les conséquences de l'action. Une relation amoureuse et engagée entre deux hommes ou deux femmes, fondée sur la pleine conscience et la bienveillance, est considérée comme parfaitement habile. Une relation nuisible, coercitive ou irréfléchie, quel que soit le sexe, est malhabile.
Pour résumer ces principes fondamentaux :
- Compassion : Le vœu de mettre fin à la souffrance s’applique à tous les êtres, sans exception.
- Non-dualité : toutes les étiquettes sont conceptuelles ; notre vraie nature est partagée et indivise.
- Pleine conscience : La qualité éthique d’un acte est déterminée par son intention et son effet, principalement par le fait qu’il cause ou non un préjudice.
Voix de la Sangha
La théorie est une chose, l'expérience vécue en est une autre. La véritable mesure de l'inclusivité du Zen se trouve dans les récits des pratiquants LGBTQ+ et des communautés qui les accueillent. C'est ici que la philosophie devient réalité.
La question d'un enseignant
De nombreuses personnes LGBTQ+ se rendent pour la première fois dans un centre zen avec un passé de traumatisme religieux, porteur d'un mélange d'espoir et de peur profonde. Une histoire commune se dévoile, que nous avons entendue sous diverses formes chez de nombreux pratiquants.
Après des semaines d'angoisse silencieuse, un jeune homme demanda un entretien privé avec le maître zen. Il expliqua qu'il était homosexuel et qu'il vivait une relation amoureuse durable. Il demanda, la voix tremblante, s'il y avait une place pour lui ici. Il s'attendait à un rejet, à une condamnation ou, au mieux, à une excuse théologique compliquée.
L'enseignante écouta patiemment, le regard doux et inflexible. Après un moment de silence, elle ne cita pas les Écritures ni ne parla de règles. Elle demanda simplement : « Votre amour est-il bienveillant ? Est-il une source de soutien et d'attention pour vous deux ? » Le jeune homme, stupéfait, acquiesça. L'enseignante sourit doucement et dit : « Alors c'est une belle étape de votre chemin. Apportez-le tout ici. Vous êtes tous les bienvenus. »
C'est l'essence même de la réponse zen. L'accent se déplace des étiquettes identitaires vers la qualité du cœur et des actions. C'est une réorientation profonde et apaisante.
Leadership et ordination
L'inclusion dans le Zen ne se limite pas aux pratiquants laïcs. Elle s'étend aux plus hauts niveaux de direction, signe clair d'un accueil authentique.
D'éminents enseignants zen ouvertement homosexuels guident leurs élèves depuis des décennies. Roshi Pat Enkyo O'Hara, abbé du Village Zendo à New York, est un enseignant célèbre et influent de la lignée zen Soto.
L'un des exemples les plus marquants est peut-être l'histoire d'Issan Dorsey. Ancien drag queen et toxicomane, il est devenu prêtre zen, puis abbé du Hartford Street Zen Center à San Francisco.
Dans les années 1980, au plus fort de la crise du sida, Issan Dorsey transforma le centre en hospice, offrant des soins empreints de compassion aux mourants, souvent abandonnés par la société et leurs familles. Il ne s'agissait pas d'une discussion théorique sur la compassion, mais de compassion exprimée dans une action radicale et courageuse.
La famille élue
Pour de nombreuses personnes LGBTQ+, la sangha devient une famille choisie. C'est une communauté de pratique où chacun peut être pleinement lui-même, sans peur ni prétention.
Dans un monde souvent hostile, le centre zen peut être un lieu de refuge et de soutien profond. L'intention partagée de s'éveiller crée un lien qui transcende les catégories sociales conventionnelles.
Ici, la pratique de s'asseoir en silence ensemble, de travailler ensemble et de se soutenir mutuellement dans les défis de la vie forge une communauté profonde et résiliente.
Un guide pratique
Si l'esprit du Zen est inclusif, la réalité sur le terrain peut être nuancée. Quelques mesures concrètes peuvent vous aider à trouver une communauté non seulement tolérante, mais aussi véritablement accueillante pour votre pratique.
Pas tout zen
Il est important de reconnaître que la plupart de ce qui a été décrit s'applique au Zen tel qu'il s'est développé en Occident. Dans ses pays d'origine, comme le Japon ou la Corée, les attitudes culturelles peuvent être plus conservatrices, ce qui peut se refléter dans certains temples.
Même en Occident, l'atmosphère d'un centre peut varier. Cependant, des lignées majeures comme Soto et Rinzai ont une longue et solide histoire d'inclusion LGBTQ+ aux États-Unis et en Europe. Les bases ont été posées il y a des décennies.
Trouver votre Sangha
Trouver la communauté idéale est crucial pour une pratique durable. Voici un guide simple pour vous guider dans votre recherche.
Étape d'action | Que rechercher | Pourquoi c'est important |
---|---|---|
1. Consultez le site Web | Recherchez une mention explicite d'« inclusion » ou de « diversité ». Utilisent-ils des termes tels que « toutes les orientations sexuelles et identités de genre » ? Y a-t-il des photos d'une communauté diversifiée ? | Une déclaration claire est un signe fort d’accueil intentionnel, et pas seulement de tolérance passive. |
2. Recherchez des enseignants LGBTQ+ | Certains des enseignants ou prêtres mentionnés sont-ils ouvertement LGBTQ+ ? Animent-ils des groupes d'affinité, comme un groupe « Queer Dharma » ou « Rainbow Sangha » ? | La représentation des dirigeants est la référence absolue en matière d'inclusion véritable. Les groupes d'affinité apportent un soutien actif. |
3. Lisez le travail de l'enseignant | De nombreux maîtres zen proposent des blogs, des livres ou des conférences enregistrées sur le Dharma en ligne. Découvrez comment ils abordent l'amour, les relations et l'identité. | Cela vous donne une idée directe de leur philosophie personnelle, allant au-delà d’une déclaration générique sur un site Web. |
4. Visitez ou participez en ligne | Participez à une session pour débutants ou à un service en ligne. Soyez attentif à l'ambiance de la communauté. Est-elle chaleureuse et ouverte ? Les gens semblent-ils à l'aise et authentiques ? | L'expérience directe est le test ultime. Vous devez vous sentir en sécurité et à l'aise pour accomplir le travail vulnérable de la pratique. |
5. Demandez directement | Si vous avez encore des doutes, contactez le centre par e-mail. Renseignez-vous directement sur sa position et sur l'expérience des membres LGBTQ+. | Une communauté accueillante répondra avec bienveillance et transparence. Une réponse défensive ou évasive est un signal d'alarme clair. |
Contexte historique
Comprendre comment la position inclusive de Zen s'est développée apporte un contexte plus approfondi et une plus grande crédibilité. Cela répond à la question : « A-t-il toujours été ainsi ? »
Le silence des textes anciens
Les premiers écrits bouddhistes, rédigés dans un contexte culturel très différent, ne considèrent pas l'« homosexualité » comme une identité personnelle fixe. Ce concept est une construction occidentale relativement moderne.
Les textes portaient principalement sur le célibat monastique et, pour les laïcs, sur l’évitement des actes sexuels coercitifs, abusifs ou qui rompaient les engagements existants – en d’autres termes, des actes qui causaient du tort.
Ce « silence » sur le thème de l'identité a été une bénédiction. Il a permis aux maîtres zen modernes d'interpréter les préceptes éthiques en s'appuyant sur les principes fondamentaux et intemporels de compassion et de non-violence, plutôt que de se laisser enfermer par des interdits culturels spécifiques d'une autre époque.
Transmission occidentale
Le Zen a commencé à prendre racine en Occident de manière significative après la Seconde Guerre mondiale, son influence atteignant son apogée lors des mouvements contre-culturels des années 1960 et 1970.
Les premiers Occidentaux attirés par le zen étaient souvent des personnes qui remettaient déjà en question les normes sociales, l'autorité et les structures religieuses traditionnelles. Cela a créé un terreau fertile pour l'épanouissement d'une forme de bouddhisme plus ouverte et inclusive.
Cette transmission ne fut pas un simple processus d'import-export. Il s'agissait d'un dialogue dynamique entre une tradition de sagesse ancestrale et une société moderne en pleine mutation. Il en résulta une forme de zen particulièrement bien placée pour accueillir et valoriser les personnes LGBTQ+ dans leur cheminement spirituel.
Un cœur ouvert
La voie du bouddhisme zen, particulièrement telle qu’elle est pratiquée en Occident, offre un foyer spirituel profondément accueillant et affirmatif aux personnes LGBTQ+.
Il ne s'agit pas d'une question de politique, mais de principe. C'est l'expression naturelle d'une tradition fondée sur la compassion universelle, la sagesse de la non-dualité et l'importance d'agir avec habileté et sans nuire au monde.
Nous avons vu comment ces principes se traduisent dans la réalité vécue des sanghas, dans les conseils des enseignants et dans les ordinations des dirigeants LGBTQ+ qui sont, à leur tour, devenus des phares de compassion pour les autres.
La voie du Zen est celle de l'éveil à la réalité telle qu'elle est, libérée des distorsions de la peur et des préjugés. Pour tout chercheur, quels qu'ils soient et qui qu'ils aiment, c'est un chemin de retour à soi-même.
Votre vraie nature est déjà entière et complète ; le voyage consiste simplement à la réaliser.