Au-delà du silence : une plongée profonde dans le zen coréen (Seon) et son chemin de questionnement

Master Chen

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Master Chen is a Buddhist scholar and meditation teacher who has devoted over 20 years to studying Buddhist philosophy, mindfulness practices, and helping others find inner peace through Buddhist teachings.

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Qu'est-ce que le Seon coréen ?

Beaucoup de gens connaissent le « Zen ». Sa forme coréenne, Seon (선, 禪), offre une voie puissante façonnée par des siècles de questionnement profond.

Le bouddhisme zen coréen se concentre sur l’expérience directe et l’éveil à votre vraie nature par la méditation.

Il se distingue par l'association d'une étude approfondie des textes sacrés et d'une méditation intense. La pratique clé est appelée Hwadu.

Ce guide vous guidera à travers le voyage du bouddhisme zen coréen, notamment :

  • L'histoire et les idées de base.
  • Les enseignements importants de Maître Chinul.
  • La pratique principale de la méditation Hwadu.
  • Le bouddhisme zen coréen aujourd'hui.

Une brève histoire

Le Seon est arrivé en Corée en provenance de Chine à la fin de la dynastie Silla. Ses idées principales ont pris forme entre le VIIe et le IXe siècle.

Cette école de méditation a été créée par des maîtres dévoués qui ont créé des centres de pratique dans tout le pays.

Ces centres furent connus sous le nom d'Écoles des Neuf Montagnes (九山禪門). Ils contribuèrent à faire de Seon une force spirituelle majeure en Corée.

Dès le début, des tensions apparurent. Les écoles Seon se concentraient sur l'éveil direct par la méditation, tandis que les écoles savantes, appelées Gyo, se concentraient sur l'étude des textes. Ce conflit prépara le terrain pour l'un des plus grands réformateurs bouddhistes de Corée.

La révolution de Maître Chinul

Maître Chinul (知訥, 1158-1210) vécut sous la dynastie Goryeo. Il constata à quel point la séparation entre méditation et étude était devenue néfaste.

Il souhaitait créer une approche unifiée qui pourrait guérir cette division et fournir un chemin complet à tous les praticiens.

Sa solution fut un enseignement qui devint le fondement du bouddhisme zen coréen : « L'illumination soudaine, la cultivation progressive » (돈오점수, 頓悟漸修).

Cette idée peut être comprise par une simple comparaison. L'Illumination Soudaine, c'est comme sortir d'une grotte obscure et voir le soleil pour la première fois. En un instant, on comprend ce qu'est le soleil ; l'expérience est directe et complète.

La culture progressive est un processus qui dure toute une vie. Elle consiste à apprendre à vivre au soleil, en nettoyant progressivement la saleté accumulée pendant votre séjour dans la grotte. Elle implique un travail patient sur votre comportement et vos habitudes.

Cette formule brillante valorisait à la fois l'éveil instantané, prôné par l'école Seon, et la nécessité d'une pratique, d'une éthique et d'une étude continues, prônées par les écoles Gyo. Elle réunissait deux approches apparemment opposées en une seule voie.

Pour mieux comprendre l’approche de Chinul, il est utile de la comparer avec d’autres idées majeures du bouddhisme zen.

École/Concept Idée centrale Analogie/Explication simple
Chinul's Seon (Corée) Illumination soudaine, culture progressive Voyez le soleil instantanément, puis passez votre vie à apprendre à vivre dans sa chaleur.
Le point de vue de Huineng/Seongcheol Illumination soudaine, cultivation soudaine Une fois que vous voyez le soleil, il n'y a plus rien à faire. Voir, c'est vivre.
Sōtō Zen (Japon) Shikantaza (« Juste assis ») S’asseoir tranquillement est la pratique et l’expression de l’illumination elle-même.
Rinzai Zen (Japon) Introspection Kōan Utiliser des énigmes paradoxales pour briser l'esprit rationnel et forcer une ouverture.

Le système Chinul a permis au Seon coréen de rester dynamique et fort pendant plus de 800 ans. Il définit le fonctionnement actuel de la pratique.

La pratique Hwadu

Au cœur de la pratique zen coréenne se trouve un puissant outil de méditation appelé Hwadu (화두, 話頭).

Beaucoup de gens connaissent les « koans » japonais, mais il existe une différence importante. Un koan est l'histoire ou la conversation complète entre un maître et un élève, souvent déroutante et étrange.

Le Hwadu, qui signifie « tête de mot », est le point clé du koan. C'est la question ou la phrase essentielle, dépouillée de tout contexte narratif.

Par exemple, un célèbre koan met en scène un moine demandant à Maître Zhaozhou : « Qu'est-ce que Bouddha ? » Le maître répond : « Un bâton de merde sec. » Toute l'histoire est le koan. Le Hwadu pourrait simplement être la question : « Qu'est-ce que c'est ? » ou simplement l'expression : « Un bâton de merde sec ».

Le but du Hwadu n'est pas de résoudre un puzzle, mais de susciter un profond sentiment de « Grand Doute » (大疑心).

Ce Grand Doute n'est pas un scepticisme. C'est une ignorance profonde, une remise en question de la vie qui, bien développée, étouffe toutes les autres pensées. Elle devient un point focal unique qui tranche le brouhaha mental tel un laser.

Le processus de pratique du Hwadu est exigeant et actif.

Tout d'abord, l'élève obtient généralement un Hwadu auprès d'un maître Seon qualifié. Cela garantit que la pratique correspond à ses capacités et à sa personnalité.

Ensuite, il est demandé au pratiquant de « maintenir » le Hwadu en permanence. Il ne s'agit pas d'une répétition aveugle comme un mantra. Il s'agit d'un questionnement actif qui se poursuit durant toutes les activités : méditation assise, marche, travail et repas.

Le pratiquant se concentre sur le ressenti de la question elle-même. En tenant le Hwadu « Qu'est-ce que Mu ? », l'étudiant ne cherche pas à y répondre. Au lieu de cela, il plonge dans le sentiment brut de « l'inconnu ». La question prend vie dans l'esprit.

Cette pression mentale soutenue du Grand Doute est conçue pour s'intensifier jusqu'à atteindre un point de rupture. L'esprit pensant, incapable de trouver une réponse, finit par céder. Ce moment de « percée » peut ouvrir à une expérience directe de la réalité, l'illumination même dont Chinul parlait.

Le parcours d'un praticien

Imaginez que vous essayez de maintenir un seul charbon ardent dans votre esprit. Il exige toute votre attention.

On n'analyse pas sa composition ni son origine. On est complètement consumé par sa présence brûlante. Voilà ce que ressent la pratique du Hwadu.

Votre esprit cherchera constamment à échapper à cette concentration. Il créera des souvenirs, des projets, des fantasmes et des « réponses » intellectuelles au Hwadu. La pratique consiste à lâcher prise doucement mais fermement et à revenir, encore et encore, à la question brute.

Il s'agit de rassembler toute votre énergie. Toute l'énergie mentale dispersée, habituellement absorbée par des pensées interminables, est rassemblée et concentrée sur cette seule question.

Le paysage intérieur devient un espace silencieux et intense où seul le Hwadu existe. De cet état de profonde concentration et de doute, une percée devient possible.

Seon dans la Corée moderne

Le bouddhisme zen coréen n'est pas seulement une question d'histoire. C'est une tradition vivante profondément ancrée dans la société coréenne moderne.

La principale organisation du bouddhisme traditionnel coréen est l'Ordre Jogye. C'est l'ordre le plus important et le plus influent du pays, dont la lignée remonte directement à Maître Chinul. L'Ordre Jogye représente aujourd'hui la majeure partie des pratiques bouddhistes traditionnelles en Corée du Sud.

Pour ceux qui souhaitent découvrir cette tradition de première main, le programme Templestay est parfait.

Ce programme, proposé dans les temples de tout le pays, est un moyen accessible aux citoyens ordinaires, coréens et étrangers, de découvrir la vie monastique pendant une courte période.

Un séjour au temple axé sur le Seon offre un aperçu direct des pratiques ancestrales. Un programme typique pourrait inclure :

  • Yebul : Chants cérémoniels le matin et le soir, remplissant la salle de son et de dévotion.
  • 108 Prosternations : Une forme de méditation en mouvement, associant la respiration et le corps dans un rituel d'humilité et de pleine conscience.
  • Chamseon : Méditation assise formelle, souvent avec des conseils de base sur la posture, la respiration et parfois une introduction à l'enquête Hwadu.
  • Baru Gongyang : Un repas monastique formel mangé en silence complet dans un ensemble traditionnel de quatre bols, où chaque action fait partie de la pratique.
  • Dado : Une cérémonie du thé avec un moine ou une nonne, offrant une occasion de conversation et de questions sur la pratique et la vie bouddhiste.

La tradition continue d'évoluer grâce aux œuvres des maîtres modernes. Feu Maître Seung Sahn a joué un rôle clé dans l'introduction du bouddhisme zen coréen en Occident, en fondant l'école zen Kwan Um.

Plus récemment, des personnalités comme le Vénérable Pomnyun Sunim se sont fait connaître pour leur travail social et leur capacité à traduire les anciens principes Seon en conseils pratiques pour la vie moderne. Leur travail démontre l'adaptabilité de la voie Seon.

Un chemin durable

Le bouddhisme zen coréen, ou Seon, se définit par un mélange puissant : l’union de la sagesse et de la pratique, de l’écriture et de la méditation, comme l’avait imaginé Maître Chinul.

Sa méthode principale, le Hwadu, en fait un chemin de questionnement actif, implacable et profondément personnel, et non de croyance passive.

Des anciens ermitages de montagne aux programmes mondiaux de séjours au temple, le Seon demeure une tradition essentielle. Il offre un chemin direct, stimulant et transformateur à quiconque est prêt à se poser la question la plus fondamentale : « Que suis-je ? »

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