Qui a fondé le bouddhisme zen ? Retracer la lignée de Bouddha à Bodhidharma

Master Chen

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Master Chen is a Buddhist scholar and meditation teacher who has devoted over 20 years to studying Buddhist philosophy, mindfulness practices, and helping others find inner peace through Buddhist teachings.

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Lorsque nous nous interrogeons sur le « fondateur du bouddhisme zen », nous posons une question qui reflète une pensée occidentale. La réponse ne se résume pas à un nom ou à une date.

Le Zen n'a pas de « fondateur » comme une entreprise a un PDG ou un mouvement un inventeur. Sa valeur principale réside plutôt dans une transmission ininterrompue de l'enseignement, transmise directement du professeur à l'élève.

La personne la plus souvent citée comme fondateur est Bodhidharma , l'homme qui a apporté en Chine une nouvelle forme de méditation focalisée. On l'honore comme le premier patriarche du zen en Chine.

Mais la lignée qu'il portait ne commence pas avec lui. Elle remonte au Bouddha lui-même, Shakyamuni , plus de mille ans plus tôt. Comprendre cette chaîne nous aide à comprendre le Zen.

La source du ruisseau : le Bouddha Shakyamuni et le sermon sur les fleurs

Pour trouver où le Zen a véritablement commencé, il faut remonter à l’Inde du 5e siècle avant J.-C., jusqu’à l’homme qui est devenu le Bouddha.

L'origine au-delà des mots

La source de tous les enseignements bouddhistes, y compris le zen, est le Bouddha Shakyamuni (né Siddhartha Gautama). Son expérience de l'illumination est la source d'où découle toute la tradition.

Le Zen met particulièrement l’accent sur une partie de son enseignement : celle que les mots ou les écrits ne peuvent pas saisir.

Le sermon des fleurs

Cette focalisation apparaît dans l’histoire fondatrice du Zen : le Sermon des Fleurs.

L'histoire raconte qu'un jour, Bouddha se tenait devant ses disciples sur le Pic du Vautour. Au lieu de prononcer un discours, il brandit simplement une fleur sans rien dire.

Les moines étaient perplexes. Un seul moine, Mahākāśyapa , comprit la leçon silencieuse et sourit. Le Bouddha dit alors que Mahākāśyapa avait reçu le véritable cœur du Dharma, le « trésor du véritable œil du Dharma ».

Ce moment illustre l'idée fondamentale du Zen : un passage direct de l'éveil d'esprit à esprit, au-delà des enseignements. Pour les adeptes du Zen, cette histoire n'est pas qu'un mythe. Elle leur rappelle que la véritable compréhension, ou kensho , est une sensation intérieure. On ne peut pas l'acquérir pleinement dans les livres.

Cette idée est résumée dans un célèbre vers de quatre lignes, central dans le Zen :

« Une transmission spéciale en dehors des Écritures ;
Aucune dépendance aux mots et aux lettres ;
Pointant directement vers l’âme de l’homme ;
« Voir dans sa nature et atteindre la bouddhéité. »

Cet événement marque le début de la lignée zen, avec Mahākāśyapa comme premier patriarche humain après le Bouddha.

La chaîne ininterrompue : les 28 patriarches indiens

La transmission de la sagesse initiée par le Sermon des Fleurs ne fut pas un événement isolé. Elle créa une méthode : une chaîne vivante d'esprits éveillés se transmettant le flambeau du Dharma.

Qu'est-ce qu'un patriarche ?

Dans ce contexte, un patriarche (sanskrit : ācārya ) n'est pas un dirigeant, mais un gardien. Chaque patriarche détient et transmet le Dharma, suivant directement son maître. Ils ont perçu la même vérité et peuvent la transmettre.

Cette notion de filiation est essentielle. Elle garantit que l'enseignement reste authentique et vivant, fondé sur l'expérience humaine plutôt que sur la simple théorie.

De Mahakasyapa à Bodhidharma

Selon la tradition zen, 27 patriarches ont suivi Mahākāśyapa en Inde, chacun recevant l'enseignement du précédent. Cette chaîne d'enseignants a créé un pont spirituel à travers les siècles.

Le 28e et dernier patriarche indien fut Bodhidharma . Il fut chargé de transmettre cet enseignement direct et concret au-delà de l'Inde.

Pour voir ce flux, la lignée peut être simplifiée :

  • Source : Bouddha Shakyamuni
  • 1er patriarche : Mahākāśyapa
  • 2e patriarche : Ānanda
  • ... ( La liste complète est longue et principalement d'importance doctrinale, détaillant la succession des maîtres )
  • 27e patriarche : Prajñātāra
  • 28e Patriarche : Bodhidharma (qui porte l'enseignement en Chine)

Le voyage de Bodhidharma marque un tournant, transformant une lignée bouddhiste indienne en une tradition qui se répandra dans toute l'Asie de l'Est.

Bodhidharma : le visage du zen

Bien qu'il ne soit pas le fondateur ultime, Bodhidharma est sans conteste la figure la plus importante qui a fait du zen une école à part entière. Son arrivée en Chine marque l'avènement d'un courant zen inédit.

Voyage vers l'Est

Vers le Ve ou le VIe siècle de notre ère, Bodhidharma quitta l'Inde pour la Chine. Le bouddhisme qu'il y découvrit était souvent très intellectuel, axé sur la traduction de textes et le débat d'idées.

Bodhidharma apporta quelque chose de différent. Il introduisit une forme de bouddhisme axée sur la pratique, le Ch'an (du sanskrit dhyāna , qui signifie méditation). Cette école Ch'an devint plus tard le Zen.

Son arrivée et ses enseignements sont relatés dans des textes ultérieurs, notamment les Mémoires de la Transmission de la Lampe (景德传灯录), compilés en 1004 sous la dynastie Song. Ce texte contribua à consolider le statut de Bodhidharma comme Premier Patriarche et à consigner l'histoire de la lignée, essentielle à l'identité zen.

Légende contre Histoire

Bodhidharma est entouré autant de légendes que de faits historiques. Les récits qui le concernent sont de puissants outils pédagogiques, mais il est utile de distinguer les éléments historiques des éléments légendaires. Les légendes révèlent l'esprit de son enseignement, tandis que l'histoire l'ancre dans la réalité.

Cette séparation nous aide à apprécier à la fois l’homme et le puissant symbole qu’il est devenu.

La Légende La vision historique
Il a regardé le mur d'une grotte pendant neuf ans, si intensément que ses jambes se sont desséchées. Cette histoire symbolise son enseignement de la méditation soutenue et intense, appelée zazen ou « contemplation du mur » ( bìguān ). Le détail des neuf années est probablement ajouté pour illustrer sa détermination.
Il a fondé le Kung Fu au temple Shaolin pour renforcer les moines. Il s'agit d'un mythe répandu, mais erroné. La plupart des historiens des arts martiaux s'accordent à dire que ce lien a probablement été inventé des siècles plus tard pour conférer aux arts Shaolin une origine spirituelle prestigieuse. Bodhidharma était axé sur la méditation, et non sur l'entraînement martial.
Il s'arracha les paupières, frustré de ne pas pouvoir rester éveillé pendant la méditation. Elles tombèrent au sol et se transformèrent en premiers théiers. Ce conte populaire explique avec poésie le lien profond entre les monastères zen et le thé. Les moines utilisent depuis longtemps le thé pour rester vigilants pendant les longues périodes de méditation.

Ces légendes, bien qu'elles ne soient pas historiquement vraies, restent utiles. Ce sont des récits pédagogiques qui partagent les valeurs fondamentales du Zen : persévérance, discipline et transformation du quotidien en chemin de pratique.

Enseignements fondamentaux

Au-delà des légendes, les enseignements réels de Bodhidharma étaient profonds et ont façonné l’avenir du Zen.

Il a mis l'accent sur le Sutra Lankavatara , un texte centré sur la « nature de Bouddha », c'est-à-dire le potentiel d'éveil que chaque être porte en lui. Ce texte est devenu une pierre angulaire de la pensée zen.

Son enseignement est résumé par la formule célèbre des « Deux Entrées et Quatre Pratiques ». Les « Deux Entrées » sont l'entrée par le principe et l'entrée par la pratique.

L’entrée par principe est la réalisation directe, par la foi et l’étude, que tous les êtres ont cette nature de Bouddha pure et intérieure, qui est cachée par l’illusion.

L'entrée par la pratique décrit quatre méthodes pour vivre ce principe : accepter les difficultés, s'adapter aux conditions, ne rien rechercher et agir en accord avec le Dharma. Ce cadre offre aux étudiants un chemin clair et pratique à suivre.

En fin de compte, le message de Bodhidharma était simple mais radical : cessez de regarder à l’extérieur. L’illumination ne se trouve pas dans des rituels complexes ou des cieux lointains ; elle s’obtient en se tournant vers l’intérieur et en faisant l’expérience directe de son propre esprit véritable.

L'héritage en Chine et au-delà

Bodhidharma planta une graine. Dans le terreau fertile du taoïsme chinois et de la pensée bouddhiste existante, cette graine devint un arbre puissant aux multiples branches.

Les six patriarches chinois

La lignée du Ch'an s'est perpétuée en Chine à travers cinq autres patriarches. Cette lignée de transmission est aussi essentielle à l'histoire du Zen que la lignée indienne.

Le plus célèbre d'entre eux est le sixième patriarche, Huineng (638-713) . Laïc pauvre et illettré, son histoire, où il devint patriarche de moines plus âgés et érudits, est un conte zen classique.

Les enseignements de Huineng, consignés dans le Sūtra de la Plateforme , mettaient l'accent sur l'illumination soudaine et l'identité de la méditation ( prajñā ) avec la sagesse ( dhyāna ). Son influence fut si immense que presque toutes les écoles zen ultérieures lui attribuent leur origine.

Le voyage au Japon

Au fil des siècles, le Ch'an s'est épanoui en Chine, se développant en diverses écoles. Ce courant de pratique a finalement traversé la mer jusqu'au Japon, où le « Ch'an » est devenu connu sous le nom de « Zen ».

C'est là un autre point où la question du « fondateur » devient complexe. Si Bodhidharma est le premier patriarche de toute la tradition, des maîtres spécifiques sont reconnus comme les fondateurs des principales écoles zen actuelles. Ils n'ont pas inventé le zen, mais l'ont transmis au Japon et l'y ont implanté.

Les deux écoles les plus importantes sont :

  • Eisai (1141–1215) : Moine japonais qui voyagea en Chine et revint fonder l'école Rinzai . Le zen Rinzai est connu pour son utilisation rigoureuse des kōans (énigmes paradoxales) et l'importance qu'il accorde à l'obtention de soudaines intuitions ( kensho ).

  • Dōgen (1200–1253) : Autre moine ayant voyagé en Chine, Dōgen y retourna pour fonder l'école Sōtō . Le zen Sōtō met l'accent sur le shikantaza , ou « simple assise », une pratique où la méditation n'est pas un moyen d'atteindre une fin, mais l'expression directe de la nature de bouddha inhérente à chacun.

Ces grands maîtres, Eisai et Dōgen, sont honorés comme les fondateurs de leurs écoles respectives au Japon. Cependant, ils se considéraient non pas comme des inventeurs, mais comme des transmetteurs. Leur lignée remontait aux patriarches chinois, jusqu'à Huineng, Bodhidharma et, finalement, au Bouddha Shakyamuni.

Une rivière, pas un bâtiment

En fin de compte, demander « qui est le fondateur du bouddhisme zen » revient à demander « qui a fondé le fleuve Mississippi ? »

La question ne comprend pas ce qu'elle décrit. Une rivière ne se construit pas ; elle coule. Elle a une source, un lit principal et des bras qui se jettent dans de nouvelles terres.

La source du Zen est l’expérience d’illumination du Bouddha Shakyamuni .

Le puissant canal principal qui a transmis cette expérience à travers le temps était la lignée des 28 patriarches indiens .

Le personnage clé qui a ouvert la voie au fleuve vers un nouveau territoire était Bodhidharma . Il n'était pas la source, mais le transmetteur crucial qui a apporté l'eau vive du Dharma en Chine, où elle a pris un nouveau caractère et un nouveau nom.

À partir de là, des maîtres comme Huineng ont approfondi le canal, et des figures comme Eisai et Dōgen ont détourné son flux vers de nouvelles terres comme le Japon, où il continue de nourrir les praticiens aujourd'hui.

Bodhidharma n'est pas un fondateur au sens occidental du terme. Il est le premier patriarche de Chine, un maillon essentiel d'une chaîne ancienne et une figure d'une immense importance historique et spirituelle.

Comprendre ce concept de lignée enrichit considérablement la pratique moderne du zen. Il relie chaque personne assise en méditation – sur un coussin dans un zendo, une chaise à la maison ou un banc public – à un courant d'expérience humaine vieux de 2 500 ans. C'est une transmission vivante, qui continue de circuler.

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