Déconstruire la question fondamentale
Demander « Quelle est la religion principale en Chine ? » revient à poser une question qui en dit plus sur les idées occidentales que sur la vie spirituelle chinoise. Cette question part du principe que les gens ne pratiquent qu'une seule religion, comme le christianisme, l'islam ou le judaïsme. Ce mode de pensée ne correspond pas vraiment à la Chine.
Comprendre la religion chinoise nécessite un profond changement de perspective. Il ne s'agit pas d'appartenir à un seul groupe, mais de mélanger différentes croyances et pratiques.
Concepts occidentaux et chinois
En Occident, la religion implique souvent de suivre des enseignements spécifiques, de croire en un dieu unique et d'appartenir à un groupe formel. Choisir une religion, c'est s'identifier à soi-même.
En Chine, la vie spirituelle est plus souple et pragmatique. On peut se rendre dans un temple bouddhiste pour prier pour la paix après la mort, demander conseil à un prêtre taoïste en matière de santé et suivre les valeurs confucéennes avec sa famille, tout cela sans rencontrer le moindre problème.
La réponse rapide
Officiellement, la Chine est un pays athée. Cependant, la Constitution garantit la liberté de croyance religieuse, gérée par des groupes religieux agréés par le gouvernement.
Pour la plupart des gens, la réponse à la question de savoir quelle religion les Chinois pratiquent ne se limite pas à une seule religion organisée. La religion la plus importante en Chine, en termes d'impact culturel, est un mélange de traditions. On l'appelle souvent la religion populaire chinoise, un système qui mêle bouddhisme, taoïsme et confucianisme.
Les trois enseignements
Les fondements spirituels et moraux de la civilisation chinoise sont souvent appelés les « Trois Enseignements » (三教, sān jiào) : le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Les traditions populaires constituent le quatrième niveau, et peut-être le plus fondamental.
Pour comprendre la religion chinoise, il faut comprendre comment ces systèmes cohabitent et façonnent la religion en Chine. Ils ne sont pas en concurrence les uns avec les autres, mais fonctionnent ensemble comme les fils d'un tissu complexe.
Les trois enseignements
Depuis plus de deux mille ans, les « Trois Enseignements » constituent la pensée et la structure morale de la société chinoise. Ils sous-tendent tous les domaines, du gouvernement à l'éthique personnelle en passant par l'art.
Bouddhisme : chemin vers l'illumination
Originaire d'Inde, le bouddhisme est devenu partie intégrante de la culture chinoise. Il est arrivé par la Route de la Soie vers le Ier siècle de notre ère, offrant une compréhension profonde de la souffrance et de l'existence.
Il a répondu à des questions que les traditions chinoises n’avaient pas encore pleinement abordées, notamment sur la vie après la mort.
- Les Quatre Nobles Vérités : La vérité de la souffrance, sa cause (le désir), sa fin et le chemin pour mettre fin à la souffrance.
- Le chemin octuple : un guide vers un comportement éthique, une discipline mentale et la sagesse.
- Karma (业, yè) : La loi de cause à effet, où les actions actuelles déterminent les résultats futurs.
- Réincarnation (轮回, lúnhuí) : Le cycle de la mort et de la renaissance, auquel on tente d'échapper par l'illumination.
Le principal type de bouddhisme en Chine est le Mahayana, ou « Grand Véhicule », qui se concentre sur le bodhisattva, un être éveillé qui aide les autres avant d'atteindre le nirvana.
Deux écoles ont eu une grande influence en Chine. Le Chan (禅), connu en Occident sous le nom de Zen, se concentre sur la méditation et la compréhension directe de l'esprit. Le bouddhisme de la Terre Pure (净土宗, jìngtǔzōng) offre une voie plus facile, fondée sur la dévotion au Bouddha Amitabha pour renaître dans sa Terre Pure, où l'illumination est plus facile à atteindre.
L'influence du bouddhisme est considérable en Chine. Il a façonné l'art, comme en témoignent les sculptures rupestres de Longmen et de Mogao. Il a inspiré des classiques comme La Pérégrination vers l'Ouest. Le terme « pagode » est issu de l'architecture bouddhiste, et de nombreux mots chinois ont des origines bouddhistes.
Selon les recherches, les bouddhistes constituent le plus grand groupe religieux en Chine, avec environ 200 à 250 millions de fidèles. Parmi eux, de nombreuses personnes participent à des rituels bouddhistes sans appartenance officielle.
Taoïsme : Harmonie avec la nature
Le taoïsme (道教, dàojiào) est la principale religion chinoise, qui vise l'harmonie entre l'homme et l'univers. Il équilibre les règles sociales strictes du confucianisme en privilégiant le naturel, la spontanéité et la simplicité.
Son idée centrale est le Tao (道, dào), souvent traduit par « la Voie ». Le Tao est l'ordre naturel de l'univers, source et modèle de toute chose. Une vie épanouie signifie vivre selon le Tao.
Un principe clé est le Wu Wei (无为), ou « action sans effort ». Cela ne signifie pas ne rien faire, mais agir naturellement sans lutter contre le courant, comme diriger un bateau avec le courant plutôt qu'à contre-courant.
L'univers fonctionne grâce à l'équilibre du Yin (阴) et du Yang (阳). Le Yin est la force féminine, obscure, passive et réceptive, tandis que le Yang est la force masculine, lumineuse, active et créatrice. Ce ne sont pas des forces opposées qui s'affrontent, mais des forces complémentaires dont l'équilibre crée tout.
Les principaux textes du taoïsme proviennent de deux figures clés. Laozi (Lao Tseu), sage légendaire du VIe siècle avant J.-C., a écrit le Tao Te King, un court texte poétique qui constitue le fondement de la pensée taoïste. Zhuangzi, qui a vécu au IVe siècle avant J.-C., a développé ces idées par des récits créatifs et de la philosophie.
Il est important de distinguer le taoïsme philosophique (dàojiā) du taoïsme religieux (dàojiào). Le taoïsme philosophique se concentre sur la vie en harmonie avec le Tao. Le taoïsme religieux s'est développé plus tard, ajoutant des dieux, des rituels, des monastères et des pratiques visant l'immortalité par l'alchimie, l'alimentation et la méditation.
L'impact culturel du taoïsme est profond. Il constitue le fondement de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), qui considère le corps comme une version miniature de l'univers, gouvernée par le qi et l'équilibre du yin et du yang. Les arts martiaux comme le Tai Chi Chuan (太极拳) traduisent les principes taoïstes en actes physiques. La peinture de paysage chinoise, avec ses montagnes brumeuses et ses minuscules figures humaines, témoigne du respect taoïste pour la nature.
Le confucianisme : une société morale
Le confucianisme (儒家思想, rújiā sīxiǎng) ne correspond pas parfaitement à la conception occidentale de la « religion ». Il s'agit davantage d'une philosophie humaniste, éthique et politique. Il ne se concentre pas sur les dieux ou l'au-delà, mais sur la création d'une société juste et stable grâce au développement moral et à des relations harmonieuses.
La principale question de Confucius (孔子, kǒngzǐ, 551–479 av. J.-C.) était de savoir comment rétablir l'ordre dans une société en difficulté. Sa réponse, consignée dans les Entretiens, fut un retour à la vertu.
Trois concepts constituent le cœur de son système éthique.
- Ren (仁) : Souvent traduit par « bienveillance » ou « humanité », Ren est la vertu suprême d'empathie et de compassion envers autrui. C'est le fondement de tout comportement juste.
- Li (礼) : Ce terme signifie « bienséance rituelle » ou « rites ». Il englobe tout, des grandes cérémonies aux bonnes manières quotidiennes. Il fournit la structure permettant d'exprimer Ren et de maintenir l'harmonie sociale.
- Xiao (孝) : La piété filiale est la pierre angulaire de l'éthique confucéenne. Elle décrit le devoir, le respect et l'attention que les enfants doivent à leurs parents et à leurs aînés, servant de modèle à toutes les relations hiérarchiques, y compris entre dirigeants et sujets.
Le confucianisme devint l'idéologie officielle de l'État sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.) et demeura le fondement du gouvernement chinois pendant deux mille ans. Son insistance sur le mérite donna naissance au système d'examens impériaux, une série de tests basés sur les classiques confucéens qui sélectionnaient les fonctionnaires du gouvernement.
Son influence est profondément ancrée dans la culture est-asiatique. L'importance accordée à la famille comme unité de base de la société, le profond respect des aînés et des enseignants, et la grande valeur accordée à l'éducation sont autant d'héritages directs de la pensée confucéenne.
Enseignement | Objectif principal | Concept clé |
---|---|---|
bouddhisme | Échapper à la souffrance, atteindre l'illumination | Karma, réincarnation, les quatre nobles vérités |
Taoïsme | Harmonie avec l'ordre naturel | Le Tao, Wu Wei, Yin-Yang |
confucianisme | Une société juste, stable et morale | Ren (bienveillance), Li (rituel), Xiao (piété filiale) |
Religion populaire chinoise
Si les Trois Enseignements constituent une philosophie de haut niveau, la religion populaire chinoise (民间信仰, mínjiān xìnyǎng) est la spiritualité quotidienne de la plupart des Chinois à travers l'histoire. Elle est pratique, locale et profondément liée à la vie familiale.
Il s'agit sans doute de la véritable religion principale en Chine, non pas par son organisation formelle, mais par sa pratique répandue. C'est comme un système d'exploitation spirituel fonctionnant en arrière-plan de la vie quotidienne.
Qu'est-ce que la religion populaire ?
Définir la religion populaire chinoise est très difficile, car elle n'a ni fondateur unique, ni texte sacré, ni chef officiel. Il s'agit d'un vaste système mixte qui emprunte des éléments au bouddhisme, au taoïsme et aux traditions locales.
Ses croyances fondamentales sont le pragmatisme et le don mutuel. La relation avec les dieux s'apparente à une transaction. Les gens adorent et font des offrandes en échange de bénédictions et de protection dans les affaires terrestres : santé, fortune, réussite professionnelle et procréation.
Les trois piliers
Les nombreuses pratiques de la religion populaire reposent sur trois croyances principales.
Le premier est le culte des ancêtres (敬祖, jìngzǔ). Il s'agit de la croyance fondamentale selon laquelle les membres décédés de la famille continuent d'exister dans un autre monde et peuvent influencer le destin de leurs proches vivants. La lignée familiale relie le passé, le présent et l'avenir. Les pratiques comprennent la conservation d'autels ancestraux à la maison, la combustion d'encens et de billets de banque, et l'offrande de nourriture. La fête annuelle de Qingming, ou Journée du nettoyage des tombes, est une fête nationale dédiée à cette pratique.
Le deuxième aspect est le culte des divinités (拜神, bàishén). Le panthéon populaire comprend des dieux et déesses issus des traditions taoïste et bouddhiste, ainsi que des héros historiques érigés en dieux, des esprits de la nature et des divinités protectrices locales de villages ou de métiers spécifiques. Des personnages comme Mazu (妈祖), la déesse de la mer qui protège les marins, et Guan Gong (关公), un général historique vénéré comme dieu de la guerre, de la fraternité et de la richesse, sont très populaires.
Troisièmement, il y a les croyances sur le fonctionnement de l'univers. Parmi celles-ci figurent le Qi (气), la force vitale présente en toute chose ; le Mingyun (命运), ou le destin, qui détermine le cours de la vie ; et le Feng Shui (风水), l'art d'aménager son environnement grâce au flux du Qi pour favoriser la chance. La divination, utilisant des méthodes comme le Yi King (Livre des Mutations) ou le lancer de blocs divinatoires, aide à comprendre son destin et à prendre des décisions importantes.
Une tradition vivante
Pour vraiment comprendre la religion populaire, il faut la vivre. Une visite dans un temple local, pas exclusivement bouddhiste ou taoïste, permet d'observer cette tradition en action. L'air est empli du doux parfum de l'encens au bois de santal. Les fidèles allument des bâtonnets d'encens et s'inclinent profondément devant les statues colorées de divers dieux.
Vous pourriez y voir un commerçant offrir des fruits à Guan Gong, un étudiant prier pour réussir un examen, ou une femme âgée lancer des blocs de bois (jiaobei) pour poser une question à une divinité. Cet espace est à la fois sacré et convivial, un lieu de prière et de rencontre entre voisins. C'est une tradition vivante qui répond aux préoccupations quotidiennes de la communauté.
Le jeu des nombres
Il est très difficile de recenser les croyants en Chine avec des statistiques précises. La réponse à la question du pourcentage de religion en Chine est floue, en raison de problèmes de définition et de collecte de données.
Pourquoi les statistiques sont difficiles
Le principal défi réside dans la notion même d'« appartenance religieuse ». Dans une culture où la pratique spirituelle est mixte et souvent déconnectée d'une identité formelle, de nombreuses personnes pratiquant une religion ne se déclarent pas « religieuses » dans les sondages. Il arrive qu'une personne brûle de l'encens pour ses ancêtres, visite un temple ou consulte une voyante, et pourtant coche « sans religion » sur un formulaire.
Il existe également une différence entre les données officielles du gouvernement, qui ne comptabilisent que les membres des cinq organisations religieuses agréées, et les enquêtes universitaires indépendantes, qui tentent de saisir un éventail plus large de croyances et de pratiques. Les religions populaires, dispersées et non organisées, sont presque impossibles à recenser avec précision. Une personne ne peut pas se limiter à une seule catégorie.
Un aperçu des croyances
Malgré ces difficultés, nous pouvons dresser un tableau général à partir de diverses sources. Ces chiffres doivent être considérés comme des estimations reflétant des tendances générales plutôt que des faits précis. Les données varient souvent selon la source et l'année d'enquête.
Le groupe le plus important est de loin celui des « non affiliés » ou pratiquants de religions populaires chinoises. Ce groupe peut représenter entre 50 % et plus de 80 % de la population, selon la méthode utilisée. Cette appellation inclut non seulement les athées, mais aussi des millions de personnes pratiquant une spiritualité traditionnelle sans appartenance officielle.
Le bouddhisme est invariablement la plus grande religion organisée. Des enquêtes menées par des groupes comme le Pew Research Center et le Chinese Spiritual Life Survey (CSLS) estiment que les bouddhistes représentent environ 18 à 20 % de la population, soit environ 250 millions de personnes.
On estime que les chrétiens représentent environ 5 % de la population, soit environ 70 millions de personnes, bien que certaines estimations soient plus élevées en raison des « églises de maison » non enregistrées. Les musulmans représentent environ 1 à 2 % de la population, principalement parmi les minorités ethniques. Le taoïsme est plus difficile à recenser, ses adeptes officiels représentant un faible pourcentage, mais son influence philosophique et culturelle est considérable.
Système de croyances | Pew Research (est. 2010) | CFS (est. 2018) | Consensus général / Interprétation |
---|---|---|---|
Les adeptes des religions populaires | 21,9% | ~30% | Le groupe le plus important, mais le plus difficile à mesurer. Nombre de personnes « sans affiliation » s'adonnent à ces pratiques. Il s'agit de la véritable plus grande religion de Chine. |
bouddhistes | 18,2% | ~18% | La plus grande religion organisée, avec un chevauchement culturel important avec la religion populaire. |
Non affilié | 52,2% | ~50% | Comprend les athées, les agnostiques et ceux qui pratiquent la spiritualité sans affiliation formelle. Une catégorie très ambiguë. |
Chrétiens | 5,1% | ~3% | Une foi en pleine croissance, avec des chiffres probablement plus élevés que ce que suggèrent les chiffres officiels en raison des églises non enregistrées. |
musulmans | 1,8% | ~1,5% | Principalement concentré dans des groupes ethniques spécifiques comme les Hui et les Ouïghours. |
taoïstes | <1% (affilié) | <1% (affilié) | Faible affiliation formelle, mais vaste influence philosophique et culturelle. |
Ces données montrent que même si de nombreuses personnes ne sont affiliées à aucune religion, un pourcentage important d’entre elles s’engage dans des traditions populaires et dans le bouddhisme, ce qui fait que le paysage spirituel est loin d’être vide.
La religion dans la Chine moderne
L'histoire de la religion en Chine n'est pas seulement historique. Au XXIe siècle, ces traditions ancestrales évoluent dans un paysage complexe façonné par les politiques gouvernementales, la mondialisation et les rapides mutations sociales. Il en résulte un mélange dynamique de traditions, de réglementation et de renouveau.
Le syncrétisme en pratique
Ce mélange harmonieux de traditions est particulièrement visible lors des grandes fêtes. Le Nouvel An lunaire, ou Fête du Printemps, en est un parfait exemple.
En apparence, il s'agit d'une fête laïque axée sur les retrouvailles familiales, une valeur profondément confucéenne. Les familles se réunissent pour un dîner de retrouvailles, en l'honneur de la hiérarchie des aînés.
Pourtant, les pratiques spirituelles sont omniprésentes. Les familles se rendent parfois dans un temple bouddhiste pour prier pour des bénédictions et une année paisible. Elles font des offrandes aux ancêtres sur un autel familial, une pratique fondamentale de la religion populaire. Nombre d'entre elles rendent également hommage au Dieu de la Cuisine, une divinité d'origine taoïste qui rapporte le comportement de la famille à l'Empereur de Jade. Ce festival témoigne de la religiosité chinoise, où différentes traditions contribuent à un événement culturel unique et cohérent, sans conflit.
Le rôle de l'État
L'État chinois moderne joue un rôle important dans la vie religieuse. Il reconnaît officiellement cinq religions : le bouddhisme, le taoïsme, l'islam, le protestantisme et le catholicisme.
Chaque religion est supervisée par une organisation reconnue par l'État, comme l'Association bouddhiste de Chine ou le Mouvement patriotique des Trois-Autonomies pour les églises protestantes. Ces groupes gèrent les affaires religieuses conformément aux politiques nationales et à la stabilité sociale.
Cela répond en partie à la question de savoir quelle est la religion des Chinois d’un point de vue légal et reconnu par l’État.
Ce système crée une distinction entre les groupes religieux enregistrés et non enregistrés. Alors que les lieux enregistrés fonctionnent ouvertement, les groupes non enregistrés, comme les églises de maison chrétiennes ou certains temples bouddhistes et taoïstes, évoluent dans une zone grise juridique. Cela peut parfois engendrer des tensions entre les communautés religieuses et les autorités locales.
Renouveau et commercialisation
Depuis le début des réformes à la fin des années 1970, la Chine a connu un renouveau religieux et spirituel massif. Des temples ont été reconstruits et la participation aux activités religieuses a considérablement augmenté.
Ce renouveau s'est accompagné d'une commercialisation et d'une consommation « spirituelle et culturelle ». Des sites religieux célèbres, comme le temple Shaolin (berceau du bouddhisme zen et du kung-fu) ou le mont Tai (montagne taoïste sacrée), sont devenus des destinations touristiques majeures. Gérés comme des entreprises, avec des droits d'entrée, des boutiques de souvenirs et des spectacles culturels, ils se présentent comme des centres de la « culture traditionnelle chinoise ».
De plus, de nombreuses croyances et pratiques traditionnelles sont de plus en plus présentées comme un héritage culturel ou des techniques de bien-être laïques. La pleine conscience, issue de la méditation bouddhiste, est promue pour ses bienfaits sur la santé mentale. Le tai-chi, d'origine taoïste, est pratiqué dans les parcs du pays comme un exercice doux. Ces éléments sont souvent séparés de leur contexte spirituel d'origine et intégrés à un mode de vie moderne et sain.
Autres religions importantes
Alors que les Trois Enseignements et la religion populaire constituent le cœur de la spiritualité chinoise, d’autres grandes religions mondiales ont également une histoire longue et significative en Chine.
Le christianisme en Chine
L'histoire du christianisme en Chine est marquée par des contacts périodiques et une croissance récente et rapide. Les chrétiens nestoriens sont arrivés par la Route de la Soie dès le VIIe siècle, mais ce n'est qu'avec l'arrivée des missionnaires catholiques et protestants, du XVIe au XIXe siècle, qu'ils ont commencé à s'enraciner plus profondément.
Aujourd'hui, le christianisme est l'une des religions qui connaît la plus forte croissance en Chine. Le nombre de ses fidèles est sujet à débat, mais la plupart des sources universitaires et internationales, comme le Council on Foreign Relations, estiment le nombre de chrétiens à entre 70 et 100 millions.
La communauté chrétienne est largement divisée en deux groupes : les églises approuvées par l'État (le Mouvement patriotique des Trois-Autonomies pour les protestants et l'Association patriotique catholique chinoise) et un vaste réseau d'« églises de maison » non enregistrées qui fonctionnent de manière indépendante.
L'Islam en Chine
L'islam est arrivé en Chine au VIIe siècle, introduit par les commerçants arabes et perses par voie maritime et terrestre. Au fil des siècles, il est devenu la religion officielle de plusieurs groupes ethniques.
Aujourd'hui, l'islam est pratiqué par une dizaine de groupes ethniques distincts en Chine. Les deux plus importants et les plus connus sont les Hui et les Ouïghours.
Les Hui sont ethniquement proches des Han et sont répartis dans tout le pays. Ils se sont intégrés à la société tout en conservant leur foi musulmane. Les Ouïghours sont un peuple turc qui vit principalement dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Leur expression de l'islam est culturellement distincte et étroitement liée à leur langue et à leur héritage d'Asie centrale.
Une tapisserie, pas un monolithe
En conclusion, la quête d'une religion principale unique en Chine est trompeuse. La réalité est bien plus complexe, fluide et intéressante.
Récapitulation de l'idée principale
Comprendre la spiritualité chinoise exige d'abandonner une vision mono-religieuse au profit d'un système dynamique et imbriqué. Dans ce monde, philosophie, religion et coutumes quotidiennes ne sont pas des catégories distinctes, mais des fils conducteurs entrelacés.
L'héritage durable
Depuis des millénaires, ce mélange unique de bouddhisme, de taoïsme, de confucianisme et de croyances populaires offre un enseignement moral, un lien avec le cosmos, une identité culturelle et un réconfort spirituel. Ces traditions continuent de façonner les valeurs et les pratiques des populations au sein du paysage religieux moderne en Chine.
Réflexion finale
La véritable réponse à cette question réside peut-être dans le fait que la plus grande religion de Chine est la mosaïque syncrétique elle-même. C'est ce système spirituel et culturel complexe, imbriqué et unique à la Chine qui a nourri l'une des civilisations les plus anciennes et les plus durables du monde.
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