Les secrets du Taegeukgi : comment les symboles du Yi King sont devenus l'emblème national de la Corée du Sud

Xion Feng

Xion Feng

Xion is a Feng Shui master from China who has studied Feng Shui, Bagua, and I Ching (the Book of Changes) since childhood. He is passionate about sharing practical Feng Shui knowledge to help people make rapid changes.

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Introduction : Plus qu'un drapeau

Flottant sur les bâtiments gouvernementaux de Séoul, agité avec ferveur lors d'événements sportifs internationaux et honoré dans les salles de classe de tout le pays, le drapeau sud-coréen est un symbole omniprésent et puissant. Ce drapeau est connu sous le nom de Taegeukgi.

Son design n'est pas une création graphique moderne. Le drapeau est une affirmation profonde de l'identité nationale, dont les racines remontent à des millénaires, au cœur de la philosophie orientale. La composition entière est une traduction visuelle directe des principes énoncés dans l'ancien texte chinois, le Yi King, ou « Livre des Mutations ».

Comprendre le Taegeukgi, c'est comprendre une vision du monde. Au cœur de ce symbole se trouve le Taegeuk, symbole de la grande harmonie du cosmos. Autour de lui se trouvent quatre trigrammes spécifiques, chacun étant un symbole puissant tiré du recueil du Yi King.

Cet article vous servira de guide. Nous décoderons la signification de chaque élément, du cercle central aux barres d'angle. Nous retracerons ensuite l'histoire fascinante du drapeau depuis sa naissance au XIXe siècle, marqué par des troubles, et explorerons la philosophie durable qui le lie à un héritage culturel plus vaste d'Asie de l'Est.

Le cœur du drapeau : le Taegeuk

Un univers dans un cercle

L'emblème central, le Taegeuk, est le cœur philosophique du drapeau. Le cercle représente l'état d'unité ou l'absolu, le point de départ d'où émerge toute chose dans l'univers.

Dans ce cercle se trouvent deux formes imbriquées. La partie supérieure, rouge, représente le Yang, et la partie inférieure, bleue, l'Eum, la prononciation coréenne du Yin. Elles représentent les grandes dualités du cosmos, les deux forces fondamentales dont l'interaction crée le monde que nous vivons.

Ils symbolisent un vaste réseau d’opposés complémentaires :

  • Rouge (Yang) : Représente les forces cosmiques positives, l'activité, la masculinité, la lumière du jour, la chaleur et le ciel.
  • Bleu (Eum/Yin) : Représente les forces cosmiques négatives, la passivité, la féminité, l'obscurité, le froid et la terre.

Une philosophie de l'interconnexion

Ce symbole ne représente pas un conflit entre deux forces opposées, mais un équilibre parfait et une harmonie continue. La forme en S entrelacée est essentielle à cette compréhension.

Remarquez qu'une partie du rouge se trouve toujours dans le territoire du bleu, et qu'une partie du bleu se trouve toujours dans celui du rouge. Cela illustre leur profonde interdépendance ; l'un ne peut exister sans l'autre. Ils ne sont pas statiques, mais dans un état constant et cyclique de mouvement et de transformation.

Ce concept est l'essence même du Yi King. Ce texte ancien repose sur l'idée que tout dans l'univers est en perpétuel mouvement, mû par l'interaction incessante des forces Eum et Yang. Le Taegeuk offre une représentation concise et parfaite de ce principe fondamental.

Les quatre piliers : les trigrammes

Que sont les trigrammes ?

Les barres noires aux quatre coins du drapeau sont peut-être son élément le plus mystérieux pour les non-initiés. Ce sont des trigrammes, ou kwae en coréen, et ils constituent les éléments fondamentaux du système divinatoire du Yi King.

Le Yi King lui-même est composé de 64 hexagrammes, symboles complexes formés par la combinaison de deux trigrammes. Il existe huit trigrammes principaux au total, chacun composé de trois lignes.

Chaque ligne peut être continue (ligne continue —) représentant le Yang, ou interrompue (ligne pointillée – –) représentant le Yin. La combinaison de ces lignes crée un symbole doté d'une signification spécifique. Le Taegeukgi sélectionne judicieusement quatre de ces huit trigrammes primaires pour entourer et soutenir le Taegeuk central.

Décoder les quatre Kwae

Chacun des quatre trigrammes, ou kwae, possède une riche signification, représentant non seulement un élément naturel, mais aussi une direction, une saison, une relation familiale et une vertu humaine. Leur placement sur le drapeau est délibéré, créant un système d'équilibre.

Trigramme Nom coréen Représentation Vertus associées Position sur le drapeau
Géon Ciel (paradis) Justice, Humanité En haut à gauche
Ri Feu (Soleil) Fruition, Sagesse En bas à gauche
Gam Eau (Lune) Sagesse, intelligence En haut à droite
Gon Terre Vitalité, droiture En bas à droite

L'harmonie des éléments

La disposition de ces quatre kwae n'est pas fortuite ; elle crée un équilibre profond et dynamique. Placés en opposition les uns avec les autres, ils reflètent l'équilibre inhérent au Taegeuk central.

Geon (☰), représentant le Ciel, est placé en diagonale opposée à Gon (☷), représentant la Terre. C'est l'axe principal de la création, la dualité fondamentale du spirituel et du physique.

De même, Ri (☲), représentant le Feu, est placé en diagonale opposée à Gam (☵), représentant l'Eau. C'est l'axe secondaire de transformation, symbolisant l'interaction constante entre l'énergie consommatrice et le fluide vital. Ensemble, ces deux éléments créent un système stable et harmonieux, centré sur l'équilibre cosmique central.

Forgé dans l'histoire

Le nouveau symbole d'une nation

L'histoire de la création du Taegeukgi s'inscrit dans un tournant de l'histoire coréenne. À la fin du XIXe siècle, la dynastie Joseon, un royaume longtemps isolé, se trouvait de plus en plus contrainte de collaborer avec des puissances étrangères comme le Japon, les États-Unis et les nations européennes.

Dans cette nouvelle ère de diplomatie internationale, un besoin crucial s'est fait sentir : la Corée avait besoin d'un drapeau national, symbole de sa souveraineté sur la scène internationale. Avant cette période, le concept de drapeau national unique tel que nous le connaissons aujourd'hui n'existait pas à Joseon.

Les chiffres et la mission de 1882

L'histoire la plus largement acceptée de l'origine du drapeau remonte à 1882. Le roi Gojong, avant-dernier monarque de la dynastie Joseon, demanda à ses fonctionnaires de créer un emblème approprié. Un personnage clé de cette histoire est Bak Yeong-hyo, un diplomate en mission au Japon.

Les récits historiques suggèrent que, lors de son voyage à bord du navire en partance pour le Japon, Bak Yeong-hyo créa une version du Taegeukgi et commença à l'utiliser comme symbole national officiel. Cependant, le débat historique est toujours d'actualité. Certains documents indiquent que des modèles antérieurs, peut-être similaires, avaient déjà été envisagés, voire présentés, au roi Gojong avant cette mission.

Bien que le nom exact du « premier concepteur » reste un sujet de discussion parmi les chercheurs, il est certain que la mission de 1882 a été le catalyseur qui a permis au drapeau d'être utilisé officiellement et à l'échelle internationale.

De la proposition à l'emblème

Le cheminement entre une proposition de conception et un symbole national standardisé a pris plusieurs décennies. L'utilisation du drapeau s'est généralisée après la mission diplomatique, et il a été officiellement adopté comme drapeau national.

Les moments clés de sa formalisation peuvent être vus comme une chronologie claire :

  • 1882 : Le drapeau est utilisé pour la première fois à titre officiel lors de la mission diplomatique au Japon dirigée par Bak Yeong-hyo.
  • 1883 : Le roi Gojong publie une ordonnance royale, promulguant officiellement le Taegeukgi comme drapeau national de Joseon.
  • 1949 : Après la création de la République de Corée (Corée du Sud) en 1948, le gouvernement forme un comité chargé de normaliser les caractéristiques exactes du drapeau. Les couleurs et l'emplacement précis des trigrammes sont officiellement codifiés, donnant naissance à la version que nous connaissons aujourd'hui.

Au-delà du plan directeur

Une déclaration coréenne

Si le langage symbolique du Taegeukgi est tiré du Yi King, un texte chinois classique, son application et sa disposition sont typiquement coréennes. Le drapeau n'est pas un simple copier-coller d'un système ancien ; c'est une déclaration philosophique délibérée et profonde.

La décision de ne pas utiliser les huit trigrammes primaires est significative. Le choix de ces quatre trigrammes spécifiques – le Ciel, la Terre, l'Eau et le Feu – représente une attention particulière portée aux éléments fondamentaux de l'harmonie cosmique et naturelle. Il s'agit d'un acte d'interprétation, d'une revendication de ces symboles universels pour raconter une histoire typiquement coréenne.

Ce choix reflète une vision du monde centrée sur les forces essentielles qui créent et soutiennent la vie, formant un puissant récit d’identité nationale.

La philosophie du mouvement

La disposition spécifique des trigrammes – Geon, Gon, Gam et Ri – révèle une philosophie dynamique. Plus qu'un portrait statique de quatre éléments, il illustre un cycle continu.

Le cycle peut être interprété comme un flux d'énergie cosmique. Il débute par Geon (le Ciel), le principe créateur. Cette énergie interagit avec Gon (la Terre), le principe réceptif, fondement de toute vie. Les agents de cette interaction et de cette transformation sont Gam (l'Eau), représentant l'abîme ou le défi, et Ri (le Feu), symbole de la clarté et de l'attachement.

Cet arrangement trace les contours d'une philosophie de persévérance nationale. Il suggère que la nation (le Taegeuk central) est soutenue par l'équilibre fondamental du Ciel et de la Terre, tout en naviguant constamment entre les défis et les opportunités transformateurs présentés par l'Eau et le Feu.

En suivant ce flux, nous percevons le drapeau non pas comme une image statique, mais comme un guide philosophique vivant. C'est une carte pour maintenir l'harmonie et progresser grâce à l'équilibre perpétuel et dynamique des forces élémentaires.

L'écho durable du Yi King

Une lingua franca culturelle

Pour apprécier pleinement le choix des symboles coréens, il est essentiel de comprendre l'importance du Yi King en Asie de l'Est. Loin d'être un simple livre de prédiction, le Yi King est depuis des siècles un texte fondateur de la philosophie, de la cosmologie et de l'art de gouverner dans toute la région.

Elle a fourni un « code source » pour la compréhension de l'univers, influençant des domaines aussi divers que la médecine, la stratégie militaire, l'éthique et l'art. Ses principes d'équilibre, de changement et d'interaction des contraires sont devenus une langue véhiculaire culturelle pour les élites intellectuelles de Chine, de Corée, du Japon et du Vietnam.

En intégrant les concepts fondamentaux du Yi King à son drapeau national, la Corée ne créait pas seulement un symbole. Elle affirmait avec force sa place au sein de cette sphère partagée de haute culture et de profonde pensée philosophique.

Échos dans la région

L’influence du Yi King est un fil conducteur tissé à travers le tissu de multiples civilisations d’Asie de l’Est, et voir ces connexions aide à contextualiser le Taegeukgi.

  • En Chine, son berceau, les principes du Yi Jing sont fondamentaux pour la médecine traditionnelle chinoise, la pratique du Feng Shui, les stratégies de « L'Art de la guerre » de Sun Tzu et l'esthétique de la peinture de paysage.
  • Au Japon, la philosophie a été absorbée dans le code du Bushido, a influencé le développement du bouddhisme zen et peut même être observée dans la logique de conception de certains blasons familiaux traditionnels (mon).
  • Au Vietnam, le Yi King était une pierre angulaire de l’érudition confucéenne pendant les périodes dynastiques et ses concepts ont été intégrés dans les traditions spirituelles et philosophiques locales.

Le Taegeukgi témoigne ainsi de cet héritage intellectuel commun. Il s'agit de l'expression typiquement coréenne d'une philosophie qui a contribué à façonner un continent.

Symbole de résilience

La philosophie d'une nation

Nous avons voyagé de la surface du drapeau à son essence philosophique. Nous avons vu comment le Taegeuk central incarne le principe universel d'équilibre harmonieux, et comment les quatre trigrammes des angles représentent les éléments fondamentaux du Ciel, de la Terre, de l'Eau et du Feu dans un état d'équilibre dynamique.

Tous ces symboles sont tirés directement de la sagesse ancienne du I Ching, tissés ensemble non seulement pour créer un design, mais pour articuler une vision nationale du monde.

Le Taegeukgi est bien plus qu'un simple morceau de tissu. C'est un manifeste visuel de l'identité coréenne. Il reflète une histoire de résilience, un profond respect de l'équilibre et une aspiration durable à la paix et à l'harmonie.

Pour le peuple coréen, le drapeau est un rappel quotidien de ses profondes racines philosophiques. Il symbolise sa place dans le flux continu, changeant et finalement harmonieux de l'univers.

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