Ne pas lutter contre la tempête
Vivre avec la dépression ou l'anxiété peut donner l'impression d'être pris dans une tempête implacable. Le poids peut être immense et l'avenir incertain.
Vous vous demandez peut-être si une pratique ancestrale comme le bouddhisme zen peut réellement aider dans ce combat moderne. La réponse est oui. Le zen peut être un allié puissant pour faire face aux problèmes de santé mentale.
Le zen n'offre pas de remède miracle pour effacer ces émotions. Il offre plutôt une voie pour changer votre relation avec elles. Cette pratique vous apprend à trouver la stabilité au cœur même de la tempête.
Cet article vous guidera pour comprendre comment les pratiques zen peuvent vous aider à trouver la quiétude. Nous explorerons la vision zen de la souffrance, la science qui la soutient et des étapes pratiques pour débuter votre cheminement.
Deux regards sur la souffrance
Pour comprendre l'utilité du zen, il est utile de comprendre en quoi sa vision de la souffrance diffère de la perspective occidentale. Ces deux points de vue peuvent se compléter.
La vision occidentale
La psychologie clinique considère souvent la dépression et l'anxiété comme des troubles, des affections à traiter et à corriger.
Ce cadre identifie des causes telles que les déséquilibres chimiques cérébraux, les schémas de pensée issus d'expériences passées et les réactions aux traumatismes. L'objectif est de corriger ces problèmes par la thérapie, la médication ou d'autres traitements afin de retrouver un fonctionnement « normal ».
La vue zen
Le bouddhisme zen aborde la souffrance, ou Dukkha , sous un angle différent. Il la considère non pas comme un échec personnel, mais comme un élément fondamental de l'être humain.
De ce point de vue, la souffrance provient de notre tendance à nous accrocher à ce que nous voulons et à repousser ce que nous ne voulons pas. Elle découle d'une incompréhension de nous-mêmes et du monde.
La deuxième flèche
Un enseignement bouddhiste fondamental le montre parfaitement avec l’histoire des deux flèches.
La première flèche représente la douleur initiale et inévitable de la vie. Il peut s'agir d'un mauvais diagnostic, d'une perte d'emploi, d'une humeur maussade ou d'anxiété. Cela arrive à tout le monde.
La deuxième flèche est celle que nous nous décochons à nous-mêmes. C'est notre réaction à la première : l'autocritique, la réflexion incessante, la peur de la peur, l'idée que « cela ne finira jamais ».
La dépression et l'anxiété impliquent souvent plusieurs de ces deuxièmes flèches. La pratique du zen ne consiste pas à éviter la première, mais à ne pas tirer la seconde.
Aspect | Point de vue de la psychologie occidentale | Vision bouddhiste zen |
---|---|---|
Cause principale | Déséquilibre neurochimique, distorsions cognitives, traumatisme | Attachement, aversion, incompréhension de la réalité ( Dukkha ) |
Vision de la souffrance | Un trouble ou un symptôme à éliminer | Une partie universelle et inhérente de l'expérience humaine |
Objectif du traitement | Retour à un état « normal », réduction des symptômes | Changer son rapport à la souffrance, cultiver l'équanimité |
Vue d'un « remède » | Rémission des symptômes, résolution du problème | Éveil à la nature de la réalité, libération de la souffrance réactive |
Principes fondamentaux du Zen
La voie du Zen va au-delà de l'idée populaire de pleine conscience. Elle repose sur des principes profonds qui transforment notre perception de la réalité, notamment lorsque notre esprit souffre.
Non-attachement
Le non-attachement est souvent mal compris dans le Zen. Cela ne signifie pas ne pas se soucier de la vie.
Cela signifie accueillir ses pensées, ses émotions et les événements de sa vie d'une main ouverte plutôt que d'un poing serré. Cette approche change tout.
Quand la tristesse ou l'anxiété survient, le poing serré s'agrippe à elle, essayant de la contrôler ou de la repousser. Cette lutte aggrave la douleur.
Le non-attachement consiste simplement à laisser le sentiment s'exprimer dans votre conscience. Vous pouvez le percevoir sans être absorbé ou défini par lui.
L'esprit du débutant
Shoshin , ou esprit du débutant, consiste à aborder chaque instant comme si c'était la première fois. Cette pratique brise les schémas établis.
La dépression et l'anxiété se nourrissent de vieilles histoires et de peurs futures. L'esprit s'enlise dans des sentiers battus, ressasse les blessures passées et imagine les catastrophes futures. Nous pensons savoir ce que sera le lendemain.
L'esprit du débutant vous invite à abandonner ces préjugés. Lorsque vous buvez du thé, buvez-le simplement, en ressentant sa chaleur à l'instant même, et non à la millième fois.
Cette pratique brise l'emprise de la rumination. Elle vous transporte du passé et du futur vers le moment présent, où les choses sont souvent plus simples.
L'art de s'asseoir
Au cœur du Zen se trouve Shikantaza , qui signifie « simplement s’asseoir ».
Il ne s'agit pas d'une méditation visant à purifier l'esprit ou à atteindre un état particulier. Elle n'a aucun but, ce qui est très différent de nos habitudes.
Il suffit de s'asseoir droit et de laisser les choses telles qu'elles sont. On est attentif à sa respiration, aux sons et aux sensations corporelles.
Quand les pensées surgissent – et elles surviendront –, ne les suivez pas et ne les combattez pas. Vous les observez simplement comme des nuages qui passent, puis revenez doucement à la réalité de la position assise. Cela vous entraîne à être présent à tout ce qui se passe, sans vous laisser emporter par lui.
Embrasser l'impermanence
Une idée clé du Zen est que tout change ( Anicca ). Rien ne reste pareil.
Cela inclut nos pensées, nos émotions, nos sensations physiques et même notre perception de soi. Rien n'est figé.
Pour une personne dépressive, cette prise de conscience apporte un soulagement. Le désespoir, si pesant et interminable, est, comme tout le reste, passager.
Comprendre cela ne fait pas disparaître la douleur instantanément. Mais cela la desserre. Cela crée un espace, vous rappelant que cela aussi passera. Cela permet de ne plus se concentrer sur les sentiments de combat, mais sur leur évolution.
La science de l'immobilité
Si le zen a des racines anciennes, la science moderne démontre aujourd'hui les réels changements que ces pratiques apportent au cerveau. Cette recherche relie la sagesse ancestrale à de nouvelles preuves.
Recâblage du cerveau
La méditation régulière, au cœur du Zen, modifie physiquement les zones du cerveau liées aux émotions.
L'amygdale, le « centre de la peur » du cerveau, est souvent hyperactive chez les personnes souffrant de dépression et d'anxiété. Des recherches montrent que la méditation peut réduire la taille et l'activité de l'amygdale. Cela signifie que l'alarme cérébrale devient moins sensible.
Parallèlement, le cortex préfrontal, qui gère la concentration, la conscience de soi et le contrôle émotionnel, se renforce. Un cortex préfrontal plus fort peut mieux gérer les signaux de l'amygdale, permettant ainsi des réponses plus calmes au stress.
Principales conclusions scientifiques
Les principes zen font partie de thérapies bien étudiées.
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La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT) a été créée pour prévenir les rechutes dépressives. Des études montrent qu'elle peut réduire les taux de rechute jusqu'à 50 %, un peu comme si l'on continuait à prendre des antidépresseurs chez certaines personnes.
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Des recherches montrent que la pleine conscience et la méditation peuvent réduire le cortisol, la principale hormone du stress du corps, qui se dérègle souvent en cas de stress chronique et de dépression.
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Des études montrent que la méditation peut réduire les gènes de l'inflammation. L'inflammation étant liée à la dépression, cela suggère que ces pratiques pourraient favoriser la guérison.
Ces preuves de plus en plus nombreuses montrent que les pratiques zen ne sont pas seulement de la philosophie. Il s'agit d'un entraînement mental qui remodèle l'organe qui contrôle nos émotions.
Vos premiers pas
La théorie est utile, mais le zen est une question de pratique. Commencer peut être difficile quand on manque d'énergie. Commencez doucement, avec bienveillance et sans attentes.
On pense souvent qu'il faut s'engager de manière importante, mais cela crée des obstacles. Au début, méditer longtemps semblait impossible. Nous avons donc commencé par une seule respiration consciente. Cette approche fonctionne.
L'espace de respiration
Cette pratique simple de 3 minutes peut être pratiquée n'importe où lorsque vous vous sentez dépassé. Elle vous ancre dans le présent.
- Reconnaître : Pendant la première minute, observez ce qui se passe. Quelles pensées sont présentes ? Quels sentiments ressentez-vous ? Nommez-les doucement : « pensées », « tristesse », « tensions dans les épaules ».
- Rassemblement : Pendant la deuxième minute, portez votre attention sur votre respiration. Sentez l'air entrer et sortir de votre corps. Utilisez la respiration comme un ancrage au présent.
- Élargissez votre conscience : Pendant la dernière minute, étendez votre conscience de la respiration à tout votre corps. Ressentez l'espace que vous occupez et le contact avec votre chaise ou le sol. Conservez cette sensation d'ancrage dans votre journée.
Moments quotidiens de pleine conscience
Pas besoin de coussin de méditation pour être zen. Ajoutez de petits moments de pleine conscience à vos activités habituelles.
Lorsque vous buvez votre café du matin, prenez les trois premières gorgées avec toute votre attention. Observez la chaleur de la tasse, l'odeur, le goût. Ne faites rien d'autre que ces gorgées.
Lorsque vous marchez de votre voiture jusqu'à votre porte, sentez vos pieds sur le sol. Remarquez l'air sur votre peau.
Faire la vaisselle peut devenir une méditation. Sentez l'eau chaude, voyez les bulles, entendez les assiettes s'entrechoquer. Ces petites pratiques s'accumulent et développent votre capacité à être présent.
Un guide de 5 minutes
Lorsque vous êtes prêt, essayez une courte séance assise ou Shikantaza . Cinq minutes suffisent pour commencer.
Étape | Instruction |
---|---|
1. Trouvez votre siège | Asseyez-vous sur une chaise, les pieds à plat sur le sol ou sur un coussin. Maintenez une posture droite et stable, sans être raide. Posez les mains sur vos genoux. |
2. Réglez une minuterie | Utilisez une minuterie douce pendant cinq minutes pour ne pas vous soucier du temps. |
3. Installez-vous | Fermez les yeux ou baissez le regard. Prenez quelques respirations profondes pour vous détendre. |
4. Soyez simplement présent | Laissez votre respiration trouver son rythme naturel. Soyez conscient de la position assise. Observez votre respiration, les sons et les sensations corporelles qui vont et viennent. |
5. Pensées de bienvenue | Lorsque des pensées surgissent, observez-les simplement sans porter de jugement. Considérez-les comme des « pensées », puis revenez doucement à votre respiration. |
6. Terminez avec douceur | Lorsque le minuteur sonne, marquez une pause avant de bouger. Prenez conscience de vos émotions. Remerciez-vous pour ce moment. |
Un état d'esprit compatissant
C’est la partie la plus importante : soyez gentil avec vous-même.
Certains jours, votre esprit sera chaotique pendant la pratique. Vous manquerez des journées. Ce n'est pas un échec ; cela fait partie de la pratique.
L'objectif n'est pas d'avoir un esprit parfait et calme. L'objectif est de se montrer présent et d'être avec ce qui est là. L'acte de retourner son attention, encore et encore, avec douceur, est la pratique. Cela enseigne la compassion.
Devenir le ciel
Le cheminement vers la dépression et l'anxiété avec le Zen se déroule progressivement. Il commence par une nouvelle vision de la souffrance, non pas comme un défaut, mais comme une expérience humaine partagée.
Elle s'approfondit à mesure que nous travaillons avec des principes comme le détachement et l'esprit du débutant, appuyés par la science démontrant que ces pratiques transforment notre cerveau. Elle devient réelle grâce à de petites actions quotidiennes, cohérentes et bienveillantes.
Cette pratique a une image puissante. Votre esprit est comme le vaste ciel. Vos pensées, vos émotions et vos sensations – tristesse, anxiété, joie, paix – sont comme des nuages.
Les nuages changent et passent sans cesse. Parfois, le ciel est sombre et couvert de nuages d'orage ; d'autres fois, il est clair et lumineux. Malgré tout, le ciel reste intact, spacieux et intact.
La pratique du zen ne consiste pas à lutter contre les nuages. Il s'agit de réaliser que vous êtes le ciel. C'est un cheminement doux et permanent vers le retour à la conscience vaste et paisible qui constitue votre véritable nature.